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Le Plasma Convalescent COVID-19 : Une Sauvegarde Potentielle de Vies
Une étude menée par des chercheurs de l’École de santé publique Bloomberg de Johns Hopkins révèle qu’un nombre considérable de vies aurait pu être sauvé durant la première année de la pandémie de COVID-19 si le plasma convalescent avait été utilisé de façon plus extensive, notamment chez les patients externes à haut risque et dans les premiers jours d’hospitalisation.
Utilisation Précoce du Plasma Convalescent
Dès les premiers mois de la pandémie, le plasma convalescent issu de patients rétablis du COVID-19 a été administré, sur recommandation d’un groupe de médecins qui ont évoqué le succès de ce traitement lors d’urgences sanitaires passées, telles que la pandémie de grippe de 1918-1920 et l’épidémie de SARS de 2002-2004. Ce plasma contient généralement des anticorps capables de bloquer ou d’atténuer la gravité de l’infection chez d’autres individus.
Des Estimations Alarmantes
Plus de 500 000 patients ont été traités avec du plasma convalescent aux États-Unis durant la première année de la pandémie. Selon les résultats publiés le 1er octobre dans les _Proceedings of the National Academy of Sciences_, les auteurs estiment que le traitement des patients hospitalisés au COVID-19 avec du plasma convalescent aurait permis de sauver entre 16 476 et 66 296 vies entre juillet 2020 et mars 2021.
En outre, les chercheurs ont calculé le nombre de vies qui auraient pu être sauvées si le plasma convalescent avait été administré de manière plus répandue dans les hôpitaux. En supposant que 100 % des patients hospitalisés aient reçu du plasma convalescent haute concentration dans les trois jours suivant leur admission, ils estiment qu’entre 37 467 et 149 318 vies auraient pu être préservées, soit une augmentation d’environ 125 %, ou même entre 53 943 et 215 614 vies, représentant une augmentation d’environ 225 %.
Une Réserve de Plasma Significative
Au total, 647 795 unités de plasma ont été administrées aux patients hospitalisés entre juillet 2020 et mars 2021, servant de référence pour évaluer le nombre de traitements effectués.
Le Plasma Convalescent : Un Traitement Abordable et Sûr
Arturo Casadevall, auteur principal de l’étude et professeur distingué en microbiologie moléculaire et immunologie, souligne que le plasma convalescent représente une thérapie capable de réduire la mortalité, facilement accessible et relativement peu coûteuse. Il déclare : « Nous devons être prêts à l’utiliser beaucoup plus lors d’une future urgence infectieuse ou pandémie. »
Par ailleurs, l’analyse suggère qu’une part significative d’hospitalisations aurait pu être évitée durant cette période. Par exemple, si 15 % des patients externes avaient reçu du plasma convalescent, entre 85 268 et 227 377 hospitalisations auraient été évitées. Si ce taux atteignait 75 %, entre 426 331 et 1 136 880 hospitalisations auraient pu être épargnées.
Des Études de Sécurité Encouragées
Bien que le plasma convalescent ait reçu une approbation limitée à l’usage hospitalier, des études ultérieures ont montré son efficacité, notamment un essai clinique dirigé par les chercheurs de Johns Hopkins, qui a révélé que son utilisation précoce parmi les patients externes réduisait le risque d’hospitalisation de 54 %.
Les chercheurs notent également que le plasma convalescent était sûr durant la pandémie et que son coût moyen, environ 750 $ par unité aux États-Unis, reste inférieur à celui de nouveaux traitements brevetés contre le COVID-19.
Préparation Pour l’Avenir
Les auteurs recommandent que la planification de la santé publique pour les futures épidémies inclut des dispositions pour la collecte et la distribution à grande échelle de plasma convalescent.
Cependant, l’étude présente certaines limitations, notamment le fait que le nombre exact d’unités de plasma utilisées n’est pas totalement connu en raison de l’absence de données complètes au début de la pandémie. Par ailleurs, les estimations de réduction de mortalité utilisés pour le calcul des vies sauvées varient largement.
« Nous devons nous préparer à établir des centres de soins ambulatoires pour traiter les personnes dès les premiers stades d’une future épidémie avec du plasma convalescent », conclut Casadevall. « Cela nécessiterait de désigner des espaces dans les hôpitaux, mais aucune nouvelle technologie ne serait requise – il s’agit de connaissances et de pratiques médicales bien établies. »