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CRV : Un retournement radical dans le monde du capital-risque
La société de capital-risque CRV (Charles River Ventures) se prépare à un acte sans précédent : restituer des fonds aux investisseurs. Cette décision est motivée par une évolution défavorable des conditions de marché, qui a conduit CRV à conclure que les valorisations des startups excèdent leur potentiel de rentabilité. Cette situation confirme les précédents rapports indiquant une déconnexion entre les valorisations liées à l’intelligence artificielle (IA) et la réalité du marché, créant ainsi une bulle spéculative susceptible d’amener des conséquences désastreuses.
Retour des fonds non investis : une tendance en émergence
Traditionnellement, les fonds de capital-risque, comme CRV, sont connus pour être des acteurs clés dans les premières phases de financement des startups. Malgré cela, peu d’entre eux choisissent de rendre de l’argent. Toutefois, cette tendance semble gagner du terrain, notamment dans la Silicon Valley et d’autres régions du globe. Alors que le secteur technologique avait récemment attiré d’importants investissements, les perspectives de rendements séduisants semblent s’éroder.
Fondé en 1970 pour commercialiser des recherches du MIT, CRV a décidé de rétrocéder 275 millions de dollars non investis provenant de son fonds Select de 500 millions de dollars, créé pour soutenir des startups à un stade avancé. Les conditions du marché ayant évolué, ce qui était autrefois prometteur semble désormais moins attractif.
Des valorisations trop élevées pour les startups
D’après des sources proches de l’entreprise, les valorisations des startups ne sont plus alignées avec leurs potentiels de rentabilité. La décision de CRV de rendre l’argent est une réponse à la réduction des opportunités de rendement après la période faste que le secteur a connue durant la pandémie. En effet, de nombreuses entreprises ont levé d’importantes sommes dans l’espoir que la tendance se poursuive. Cependant, l’exubérance technologique des dernières années a laissé place à une réalité plus morose.
Le marché des introductions en bourse et des acquisitions, moyens principaux pour les sociétés de capital-risque de rentabiliser leurs investissements, a également connu un ralentissement, exacerbant ainsi la situation. Pour obtenir des rendements conformes aux attentes de leurs investisseurs, CRV aurait besoin de voir une augmentation significative du nombre de startups atteignant une valorisation de 10 milliards de dollars ou plus, quelque chose qui ne semble pas réalisable actuellement.
Un parallèle avec l’ère des dotcoms
CRV fait face aux défis typiques des fonds de croissance, qui nécessitent un marché actif des fusions-acquisitions pour prospérer. Actuellement, de nombreux projets matures souffrent de valorisations excessives, devenant ainsi inefficaces pour une introduction en bourse viable.
En 2002, après l’éclatement de la bulle Internet, CRV avait déjà réduit la taille de ses fonds. Aujourd’hui, bien que moins d’entreprises aient effectué des ajustements, plusieurs fonds ont reconnu que le marché ne correspondait plus à leurs stratégies, illustrant ainsi des changements structurels importants dans le paysage du capital-risque.
Startup technologiques : de licornes à zombies
Un rapport récent révèle qu’un grand nombre de startups, anciennement valorisées à plusieurs milliards, ferment leurs portes ou sont vendues à des prix dérisoires. Selon Carta, 87 startups ayant levé au moins 10 millions de dollars ont cessé leurs activités en octobre 2023, un chiffre alarmant qui montre les difficultés rencontrées dans le secteur.
L’IA, bien qu’elle ait connu un engouement sans précédent, commence à perdre de sa popularité. La chute des actions des entreprises pionnières de l’IA a soulevé des inquiétudes quant à la rentabilité future des investissements réalisés dans ce domaine. Les données montrent que seul un faible pourcentage d’entreprises utilisent réellement ces modèles d’IA, tandis que la plupart des projets échouent.
Les promesses non tenues des startups d’IA
Malgré des investissements massifs, certaines startups technologiques, telles qu’OpenAI, font face à des prévisions de pertes considérables. Autres exemples incluent des produits innovants, comme l’AI Pin et le rabbit r1, qui n’ont pas réussi à tenir leurs promesses. Cette situation soulève des questions sur la viabilité des solutions technologiques proposées et attire l’attention sur les failles éventuelles de l’engouement pour l’IA.
Avec ces développements, le secteur du capital-risque doit s’adapter rapidement à des réalités du marché en constante évolution, remettant en question son modèle d’investissement traditionnel et poussant les fonds à redéfinir leurs stratégies de financement.