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Michel Barnier présente les enjeux du budget 2025 en France
Sévère mais juste : c’est ainsi que Michel Barnier souhaite se présenter lors de sa première intervention télévisée depuis sa déclaration de politique générale. Dans l’émission politique « L’Événement » sur France 2, le Premier ministre a discuté pendant près de trois quarts d’heure des différents aspects de la politique de son gouvernement, mettant l’accent sur la question cruciale du budget et des augmentations d’impôts qui suscitent des débats intenses.
Une taxation exceptionnelle pour les grandes entreprises
« Nous allons demander un effort aux plus grandes entreprises réalisant plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires, un effort exceptionnel temporaire », a précisé le Premier ministre. Selon ses estimations, environ 300 entreprises en France seraient concernées. Cette « taxation exceptionnelle » pourrait s’étendre sur une durée d’un à deux ans, laissant au Parlement le soin d’approuver cette mesure et de l’inscrire dans la loi.
Dès son arrivée à Matignon, Michel Barnier avait exprimé son désir d’instaurer une plus grande « justice fiscale ». En ce qui concerne les particuliers, il a indiqué que cette participation exceptionnelle serait mise en place par un « dispositif fiscal sur les très hauts revenus », prenant l’exemple d’un revenu fiscal de 500 000 euros par an pour un couple, excluant les revenus inférieurs. Les prévisions évoquent une récupération potentielle de « 2 milliards d’euros », selon le Premier ministre.
Des réactions mitigées sur les hausses d’impôts
Les discussions entourant la possible augmentation des impôts, même si elle est temporaire, ont provoqué des réactions vives au sein de la classe politique. L’ancien ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’est exprimé contre cette idée, affirmant : « Je ne voterai pas une augmentation d’impôts ». Selon lui, cela irait à l’encontre des efforts déployés depuis des années, mettant en garde contre une éventuelle augmentation du chômage et évoquant le retour à l’« ère socialiste de François Hollande ».
Michel Barnier n’a pas semblé être dérouté par ces critiques. « On verra s’il a de bonnes idées pour trouver d’autres solutions d’une ampleur équivalente. Je serai ouvert », a-t-il déclaré sur France 2, adoptant un ton à la fois diplomate et déterminé. Il a ajouté : « C’est un effort justifié, mais qui ne me fait pas plaisir. Je ne veux pas être populaire, mais responsable. »
Perspectives et défis pour le budget 2025
Le Premier ministre a également souligné son inquiétude face à « la crise financière », notant que ce sont souvent « les plus faibles » qui en subissent les conséquences les plus lourdes. Parmi les autres mesures d’économies envisagées, il a mentionné la fusion de certains services publics, l’établissement d’une allocation sociale unique, et le non-remplacement systématique des fonctionnaires non en contact direct avec le public.
Interrogé sur la possibilité de faire adopter un tel budget, Michel Barnier a admis que cela risquait d’être complexe. « On verra si on y arrive. Et si nous n’y parvenons pas, nous utiliserons le 49.3 qui est un outil de la Constitution », a-t-il affirmé. Ce mécanisme permet au gouvernement de passer des textes tout en engageant sa responsabilité sur ceux-ci, ouvrant ainsi la voie à une éventuelle motion de censure des députés.
Enfin, Barnier a noté que, bien qu’il soit soutenu par un « socle minoritaire », il n’existe pas de majorité claire opposée à son budget. Ce dernier devrait être présenté en Conseil des ministres la semaine prochaine, avec un examen prévu à l’Assemblée nationale à partir du 21 octobre.