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Étude de Rexecode sur la réindustrialisation en France
Le cabinet Rexecode a publié ce jeudi une étude relative aux prélèvements obligatoires qui impactent l’industrie manufacturière française. Bien qu’il constate une diminution de six milliards d’euros depuis 2017, il met en garde contre les effets potentiels des mesures évoquées par le gouvernement.
Les enjeux de la fiscalité pour l’industrie
Dans un contexte marqué par la nécessité de réindustrialiser, Rexecode souligne qu’il serait contreproductif de faire peser sur l’industrie le fardeau d’une consolidation des comptes publics. L’étude, portant sur la fiscalité applicable à l’industrie manufacturière depuis 2017, coïncide avec l’arrivée d’Emmanuel Macron à la présidence.
Le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, a néanmoins choisi d’imposer un effort fiscal supplémentaire aux entreprises via le projet de loi de finances (PLF) 2025. D’après les informations disponibles, une surtaxe de 10% sera instaurée pour les grandes entreprises ayant un chiffre d’affaires supérieur à un milliard d’euros. Le gouvernement vise ainsi une réduction du déficit public à 5% en 2025, contre 6,1% en 2024, en prévoyant des hausses d’impôts totalisant 19 milliards d’euros.
Un contexte favorable pour l’industrie française
L’étude de Rexecode montre qu’après une période favorable à l’industrie française, les nouvelles mesures mises en place depuis 2017 ont permis une baisse nette de 5,7 milliards d’euros des prélèvements. Toutefois, ces efforts ne doivent pas être interprétés comme un cadeau fiscal, mais plutôt comme un rattrapage nécessaire par rapport aux pays voisins européens.
Analyse des prélèvements et des marges de manœuvre
La réduction de l’impôt de production, instaurée dans le cadre du plan France Relance, ainsi que la suppression progressive de la CVAE, ont apporté à l’industrie française une marge de manœuvre totale de 5,6 milliards d’euros entre 2017 et 2024. De plus, une diminution de 4,7 milliards d’euros a été réalisée sur les cotisations sociales des employeurs durant cette même période, en remplacement du CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi).
Cependant, d’autres prélèvements, tels que la fiscalité écologique et énergétique, ont alourdi la charge financière de l’industrie pour un montant de 1,5 milliard d’euros. L’impôt sur les sociétés a également augmenté de 4,6 milliards d’euros au cours des sept dernières années. Globalement, l’industrie manufacturière française a enregistré une baisse de 5,7 milliards d’euros depuis l’élection d’Emmanuel Macron, bien que la France demeure mal positionnée par rapport à ses homologues européens.
Des perspectives incertaines pour l’attractivité industrielle
Malgré les progrès réalisés, la fiscalité sur l’industrie française reste perçue comme trop élevée. D’après l’étude de Rexecode, les prélèvements des industries représentent 7 points de valeur ajoutée de plus en France qu’en Allemagne, soit plus de 20 milliards d’euros de différence. Bien que des baisses aient eu lieu, la France demeure le pays européen avec les charges les plus élevées sur les employeurs, ce qui nuit à la compétitivité de l’industrie.
La direction générale des entreprises (DGE) note un regain d’activité dans le secteur industriel, avec une projection de 500 nouvelles usines inaugurées en 2023 comparé à 2016. Cependant, le cabinet Trendeo souligne des signes préoccupants, avec des fermetures d’usines dépassant les ouvertures depuis avril dernier, entraînant une destruction des emplois industriels.
Vers une relance de l’épargne vers l’industrie
Dans ce climat économique délicat, le Premier ministre a évoqué l’idée d’un livret destiné à orienter l’épargne des Français vers l’industrie nationale. Toutefois, Rexecode met en garde contre les conséquences potentielles des mesures discutées récemment. La remise en cause du crédit impôt recherche et des allègements de cotisations sur les salaires intermédiaires pourrait nuire à l’attractivité de l’industrie française, déjà fragile face à la concurrence européenne.