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Les dérives des condamnations à tort aux États-Unis
L’affaire de Robert Roberson, un citoyen américain de 57 ans, est révélatrice des dérives d’une science appliquée sans discernement dans le contexte judiciaire. Roberson doit être exécuté au Texas le 17 octobre prochain, une situation qui soulève des questions cruciales sur la justice et l’usage de la science dans les tribunaux.
Un cas emblématique de condamnation à tort
Condamné à mort en 2003, Robert Roberson a été jugé sur la base d’une théorie médicale controversée concernant le syndrome du bébé secoué, qui a émergé dans les années 1970 aux États-Unis. Cette théorie, considérée comme une preuve irréfutable de maltraitance, a conduit à la condamnation de plusieurs individus, malgré plus de trente exonérations enregistrées à ce jour aux États-Unis. La mort tragique de sa fille Nikki, survenue à l’âge de deux ans, avait initialement été attribuée à des saignements intracrâniens, interprétés comme signes d’abus physiques. Toutefois, des recherches récentes ont remis en question cette interprétation, l’autisme de Roberson ayant également contribué à une mauvaise évaluation de son comportement émotionnel lors du procès.
L’impact du diagnostic erroné sur la justice
Des médecins ont récemment réexaminé le dossier de Nikki et ont relevé d’autres causes possibles de son décès, comme une pneumonie sévère. La reconnaissance croissante des erreurs médicales dans les diagnostics liés aux infanticides a suscité des interrogations sur la fiabilité de ces méthodes. Un rapport gouvernemental suédois de 2016, ainsi que des recommandations de la Haute Autorité de santé en France, mettent en lumière la complexité des diagnostics liés au syndrome du bébé secoué, conduisant à des appels pour revoir ces pratiques. Un nouveau cadre réglementaire est attendu en 2025.
Des soutiens pour Robert Roberson
Un collectif de trente-quatre scientifiques, médecins, ainsi qu’un nombre important de membres de la Chambre des représentants du Texas, se sont mobilisés pour soutenir Roberson, affirmant son innocence. Ils appellent le gouverneur du Texas, Greg Abbott, à annuler son exécution. L’affaire de Roberson n’est pas isolée ; elle s’inscrit dans une série de cas de condamnations à tort basées sur des théories scientifiques contestables.
Cas similaires de condamnations erronées
Parmi les autres cas notables, on peut citer celui de Melissa Lucio, condamnée à mort en 2008 après la mort de sa fille de deux ans. Les conclusions des médecins légistes à l’époque, établissant un homicide, ont depuis été remises en question, entraînant un large soutien international pour sa cause. Dans un autre exemple, Kathleen Folbigg, surnommée « la pire tueuse en série d’Australie », a été exonérée en 2023 après vingt ans derrière les barreaux, grâce à des preuves génétiques montrant que les morts de ses enfants auraient pu être liées à des causes naturelles.
Réflexions sur la science et la justice
Ces affaires illustrent clairement les dangers d’une application rigide et sans discernement de théories scientifiques dans les tribunaux. Elles soulèvent des questions importantes quant à la légitimité de certaines expertises et la nécessité d’une réforme judiciaire visant à éviter de futures condamnations à tort. Le combat pour la justice de Roberson et d’autres victimes de cette tragédie humaine continue de résonner à travers le pays, appelant à un examen critique de la manière dont la science est utilisée dans le système judiciaire.