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Le gouvernement annonce un budget 2025 sous tension
Le gouvernement français prévoit des coupes budgétaires à hauteur de 40 milliards d’euros ainsi que 20 milliards d’euros de hausses d’impôts dans son projet de budget, qui a été présenté au Haut Conseil des Finances Publiques ce mercredi. Ce resserrement budgétaire représente une mesure sans précédent depuis le début des années 2010.
Une situation économique préoccupante
L’automne s’annonce particulièrement difficile pour l’exécutif. Avec une Assemblée nationale fragmentée en trois blocs et une économie en décélération, le gouvernement de Michel Barnier avance dans un contexte instable. À une semaine de la présentation du projet de loi de finances pour 2025, les équipes de Bercy sont sous pression intense.
Les ministres ont soumis leur cadrage macroéconomique au Haut Conseil des Finances Publiques (HCFP) ce mercredi. Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, ainsi qu’un panel d’économistes, auront quelques jours pour examiner les prévisions économiques du gouvernement, un exercice délicat étant donné l’optimisme excessif des gouvernements précédents, comme l’a souligné le HCFP dans une note récente.
Objectifs de déficit budgétaire ambitieux
Lors de son discours de politique générale, Michel Barnier a fixé l’objectif de ramener le déficit public à 5 % d’ici 2025, contre 6,1 % prévu pour 2024. En ce qui concerne 2027, Barnier a revu à la baisse l’objectif d’Emmanuel Macron de revenir à 3 %, un but qui était encore jugé atteignable par le ministre démissionnaire Bruno Le Maire. « Notre objectif est de remettre notre pays sur la bonne trajectoire pour revenir sous le plafond de 3 % en 2029, tout en respectant nos engagements européens », a affirmé le Premier ministre. La direction générale du Trésor anticipe une dette publique de 113 % du PIB en 2024 et de 115 % en 2025.
Un redressement budgétaire nécessaire
60 milliards d’euros à redresser en 2025
Pour atteindre cet objectif de déficit à 5 % en 2025, le gouvernement prévoit un redressement total de 60 milliards d’euros, un chiffre historiquement élevé depuis la crise de la zone euro au début des années 2010. Sur cette somme, 40 milliards devraient provenir de coupes budgétaires, tandis que 20 milliards seraient générés par de nouvelles mesures fiscales, selon les prévisions de Bercy. Déjà, 15 milliards d’euros de coupes ont été planifiées dans des lettres envoyées aux différents ministères en août par le gouvernement Attal.
Il reste donc 5 milliards d’euros supplémentaires à identifier dans les dépenses publiques. Le Premier ministre a évoqué la fusion de certains organismes comme France Stratégie et le Haut Commissariat au Plan, ainsi que le déménagement de certaines administrations hors de Paris. Cependant, ces options ne semblent pas suffisantes pour réaliser les économies nécessaires. De plus, une demande sera formulée pour que les opérateurs réduisent leurs dépenses d’environ 1 milliard d’euros, tandis que les collectivités locales devront également serrer la vis avec une réduction de 5 milliards d’euros prévue pour 2025.
Les ménages et les retraités impactés
Concernant les ménages, Antoine Armand, ministre de l’Économie, a écarté l’idée de désindexer le barème de l’impôt sur le revenu. Cependant, le gouvernement a décidé de désindexer les retraites de l’inflation jusqu’au 1er juillet prochain. Selon un rapport de l’institut Montaigne, cette mesure pourrait générer entre 16,3 et 39,7 milliards d’euros de coûts sociaux nets sur trois ans, soit entre 5,4 et 13,2 milliards d’euros par an pour les caisses de l’État. Cela risque de provoquer des réactions négatives parmi les syndicats et les retraités, notamment ceux ayant une pension inférieure à 2 000 euros.
Fiscalité : vers de nouvelles contributions
Recettes fiscales à augmenter
Sur le plan fiscal, le gouvernement doit encore trouver 20 milliards d’euros de recettes supplémentaires pour atteindre les 60 milliards d’euros de redressements. Parmi les mesures envisagées, une contribution accrue des grandes entreprises est à l’étude. Michel Barnier a déclaré : « Ce partage de l’effort nous conduira à demander une participation au redressement collectif aux grandes entreprises qui réalisent des profits importants. » Une surtaxe de 8 % sur les bénéfices est envisagée, potentiellement responsable de 8 milliards d’euros de recettes annuelles.
Des modalités précises concernant cette surtaxe restent à définir, car le rendement dépendra des critères de sélection des entreprises concernées. Les grandes fortunes pourraient, quant à elles, être soumises à une fiscalité accrue, avec un retour sur certaines contributions exceptionnelles mises en place dans les années 2010. Ces propositions fiscales seront discutées lors des débats parlementaires à venir.
Perspectives de croissance et inflation
En matière de croissance, le gouvernement table sur une progression du PIB de 1,1 % en 2024 et 2025. Pour 2023, les prévisions sont alignées avec celles de la Banque de France, de l’Insee et de l’OCDE. Toutefois, le tour de vis budgétaire pourrait peser sur l’activité économique nationale. L’inflation, quant à elle, devrait redescendre à 1,8 % en moyenne annuelle, offrant un peu d’air à la demande intérieure. En 2023, le commerce extérieur a soutenu l’activité, mais la consommation des ménages et l’investissement privé sont restés faibles, entraînant une chute des recettes fiscales liées à la TVA.
Le desserrement récent de la politique monétaire de la BCE pourrait offrir de nouvelles marges de manœuvre aux agents économiques, mais ses impacts ne devraient pas se faire sentir avant le premier semestre 2025, en raison des délais de transmission de la politique monétaire.