Sommaire
Michel Barnier face à un défi politique majeur
Le Premier ministre, Michel Barnier, s’affaire depuis plusieurs jours à peaufiner son discours qui sera prononcé cet après-midi afin de présenter son programme de gouvernement. L’enjeu est de taille : il lui faut convaincre une majorité de ses troupes, particulièrement réticentes en cette période de tensions politiques.
Un choc des cultures au Palais-Bourbon
Michel Barnier, habitué aux atmosphères feutrées de la Commission européenne, doit se préparer à l’intensité du débat au sein de l’Assemblée nationale. Un député a exprimé des doutes quant à sa capacité à gérer le climat politique actuel : « C’est une personnalité expérimentée, mais a-t-il une idée précise de l’évolution de la vie politique aujourd’hui ? Je n’en suis pas sûr. Saura-t-il garder son calme face à une tension palpable ? » Avec son discours de politique générale prévu à 15 heures, le nouveau Premier ministre se prépare à un moment qui pourrait s’avérer historique. « Nous afficherons le calme des vieilles troupes », a déclaré Matignon.
La fébrilité de l’exécutif
Au-delà de la forme, Michel Barnier doit également s’attacher au fond de son discours. Ses conseillers reconnaissent qu’il s’agit d’un moment déterminant. L’une de ses priorités sera de ne pas se mettre à dos toutes les oppositions, notamment le Rassemblement National (RN), qui pourrait mettre en péril son gouvernement. Bien que Marine Le Pen ait assuré qu’elle n’irait pas dans ce sens, l’appel téléphonique passé par le Premier ministre la semaine dernière témoigne de l’inquiétude ambiante au sein de l’exécutif. « La Déclaration de politique générale (DPG) formulera clairement notre position vis-à-vis du RN », a promis Matignon.
Convaincre son propre camp
En parallèle, Michel Barnier devra convaincre ses alliés politiques. Ses conseillers soulignent la nécessité de sortir des sujets ultra-clivants : des signaux sur la justice fiscale et la dette écologique devront être adressés à la gauche, tandis que des signaux relatifs à l’immigration et la sécurité iront vers la droite. Cependant, il est confronté aux critiques de ses propres soutiens. Samedi, 27 parlementaires macronistes ont signé une tribune pour s’opposer à toute augmentation d’impôts, tandis que d’autres se sont manifestés contre les déclarations de Bruno Retailleau, qui a remis en question la notion d’État de droit. Le député Sacha Houlié a réagi immédiatement, soulignant que dévaloriser l’État de droit pourrait justifier une censure du gouvernement.
Les « malfaisants » de l’Assemblée
Une certitude demeure : Michel Barnier a décidé de ne pas demander un vote de confiance, qui permettrait d’obtenir l’approbation des parlementaires. En effet, si ce vote n’obtient pas la majorité absolue, le gouvernement serait contraint de démissionner, un risque que Barnier ne peut se permettre de prendre dans le contexte actuel. Dès la semaine prochaine, il devra faire face à une motion de censure de la gauche, tandis que certains groupes modérés pourraient soutenir cette initiative si la déclaration de politique générale ne répond pas à leurs attentes. Bien que cela ne pose pas de menace immédiate, un vote serré pourrait révéler la fragilité de sa position.
Enfin, dès demain, Michel Barnier s’exprimera devant le Sénat, dans une ambiance sans doute plus favorable. Un membre du palais du Luxembourg a affirmé : « Il sait qu’au Sénat, il est chez lui. Il bénéficie du soutien des groupes centristes, des macronistes et des LR. Il dispose donc de la majorité, contrairement à l’Assemblée où les choses sont plus tendues. » Cette perspective devrait lui redonner un peu de moral avant d’affronter les défis à venir.