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Des mesures rapides contre le mpox en Afrique
Fonds d’urgence, stocks de vaccins et diversification de la production de sérums : les leçons tirées de la réponse au Covid-19 permettent désormais d’agir avec plus de rapidité face à l’épidémie de mpox, selon la cheffe de l’Alliance du vaccin (Gavi), la Dre Sania Nishtar. « L’expérience malheureuse du Covid a eu un côté positif », a-t-elle déclaré mercredi lors d’une conférence au siège de l’organisation à Genève.
Les leçons apprises du Covid-19
Pour Mme Nishtar, ces événements ont permis d’extraire des enseignements cruciaux qui se traduisent aujourd’hui par de nouveaux outils opérationnels pour faire face au mpox. Médecin de formation et ancienne sénatrice pakistanaise, elle a également travaillé pour plusieurs organisations internationales, incluant l’Organisation mondiale de la santé. La pandémie de Covid-19 a révélé le degré insuffisant de préparation de la communauté internationale face à une crise sanitaire d’une telle ampleur.
Bien que les pays membres de l’OMS peinent encore à ratifier un traité sur les pandémies, l’Alliance du vaccin a pris des mesures significatives en juin dernier. Cette organisation, dont la mission est de faciliter l’accès aux vaccins pour les pays en développement, a mis en place un fonds de 500 millions de dollars. Ce mécanisme vise à garantir les ressources nécessaires pour répondre à une urgence de santé publique, comme la pandémie actuelle de mpox.
Utilisation du fonds d’urgence contre le mpox
Ce fonds a été utilisé pour la première fois dans le cadre de la réponse au mpox, grâce à un partenariat avec le laboratoire Bavarian Nordic. Ce contrat assure la livraison de 500 000 doses du vaccin MVA-BN pour les pays africains touchés par l’épidémie en 2024. « Nous allons donc puiser jusqu’à 50 millions de dollars de ce fonds », a précisé la Dre Nishtar, en soulignant que l’argent servira à couvrir le coût du vaccin ainsi que les frais de distribution et de logistique, tout en soutenant les systèmes de santé concernés.
La situation du mpox en Afrique
Actuellement, l’épidémie de mpox touche 14 pays africains, avec la République Démocratique du Congo (RDC) en épicentre, enregistrant près de 22 000 cas et plus de 700 décès depuis janvier. L’apparition d’un nouveau variant, le clade 1b, a conduit l’OMS à élever son niveau d’alerte sanitaire mondiale au plus haut degré le 14 août dernier. La Dre Nishtar a exprimé sa satisfaction quant à la rapidité de la réaction, signalant qu’il ne s’est écoulé que 35 jours entre la déclaration de l’urgence et la signature de l’accord.
Création d’un stock mondial de vaccins
En outre, Gavi a validé la création, à partir de 2026, d’un stock mondial de vaccins contre le mpox, à l’image des stocks existants pour d’autres maladies telles que le choléra, Ebola, la méningite et la fièvre jaune. Ce stock, dont le nombre de doses est encore à définir, sera crucial pour garantir des vaccins en cas de futures épidémies, empêchant ainsi certains pays de se retrouver démunis.
Accélération de la production de vaccins en Afrique
Lors d’un sommet à Paris, en juin, Gavi a également lancé l’initiative « Accélérateur de la production des vaccins en Afrique », un programme financier qui devrait libérer jusqu’à 1,2 milliard de dollars sur dix ans pour développer la fabrication de vaccins sur le continent. « Un autre enseignement de la crise du Covid est la nécessité de diversifier la production régionale », a ajouté la Dre Nishtar.
Selon l’Africa CDC, environ 3,6 millions de doses de vaccins destinées aux pays africains ont déjà été sécurisées et commencent à arriver dans les zones concernées. « Nous nous trouvons dans un scénario bien meilleur qu’avec le Covid », a résumé la directrice de Gavi, affirmant que grâce aux enseignements de la pandémie, les instruments sont désormais en place pour réagir efficacement.