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Les Maladies Cardiaques chez les Femmes : Un Fléau Souvent Ignoré
Les maladies cardiaques représentent la première cause de mortalité chez les femmes, tuant une femme sur cinq, tandis que le cancer du sein ne touche qu’une femme sur quarante. Malgré cela, l’opinion générale tend à considérer le cancer du sein comme la principale menace pour la santé des femmes, en raison d’une plus grande sensibilisation et de dépistages préventifs. Les maladies cardiaques chez les femmes demeurent cependant sous-estimées. Aux États-Unis, depuis 1984, la mortalité due aux maladies cardiaques chez les femmes a égalé celle des hommes. En réalité, de nombreuses femmes décédaient déjà auparavant sans diagnostic adéquat, car la recherche se concentrait principalement sur les hommes.
Un Déséquilibre Historique dans la Recherche Médicale
La question de ce déséquilibre remonte parfois à des représentations culturelles. Par exemple, en 1983, le film « Yentl » a mis en lumière les défis auxquels étaient confrontées les femmes pour obtenir une éducation, illustrant comment elles devaient souvent se conformer à des normes masculines pour accéder aux mêmes opportunités. Dans un éditorial du *New England Journal of Medicine* en juillet 1991, Bernadine Healey notait que les femmes ont dû se comporter « comme des hommes » pour obtenir l’égalité, ce qui a conduit à une perception erronée de leur santé cardiaque.
Historiquement, les études sur les maladies cardiaques incluaient principalement des hommes, entraînant des stratégies thérapeutiques inappropriées pour les femmes. Healey a formulé le concept de « Syndrome de Yentl », désignant la tendance à traiter les femmes selon les standards établis pour les hommes, négligeant leurs spécificités.
Les Risques Accrus des Femmes
Actuellement, moins d’un quart des participants aux études sur les maladies cardiaques sont des femmes, alors qu’elles représentent plus de la moitié des patients touchés. De ce fait, elles sont sept fois plus susceptibles d’être mal diagnostiquées. Fait alarmant, plus de 40 % des femmes ne ressentent pas de douleurs thoraciques, les incitant à retarder leur visite à l’hôpital. De plus, les crises cardiaques chez les femmes sont deux fois plus susceptibles d’être mortelles. Si elles survivent à une crise cardiaque avec un diabète préexistant, leur risque d’avoir une seconde crise cardiaque est considérablement accru par rapport à celui des hommes.
Merz souligne une différence fondamentale entre les sexes : « La plaque graisseuse chez les hommes est irrégulière, tandis que chez les femmes, elle est plus lisse, ce qui peut entraîner des événements cardiaques moins évidents. Ainsi, les femmes peuvent ne pas réaliser qu’elles ont subi une crise cardiaque jusqu’à ce qu’il soit trop tard. » Ces découvertes médicales spécifiques aux femmes peuvent souvent être négligées.
Une Situation Différente en Inde
En Inde, un rapport de l’OMS de 2014 révélait que la mortalité due aux maladies cardiovasculaires était de 349 décès pour 100 000 hommes contre 265 pour 100 000 femmes. Cela soulève la question soulevée par Merz : la sous-représentation des maladies cardiaques chez les femmes pourrait-elle être due à un manque de connaissance sur les symptômes spécifiques ? Il est inquiétant de constater que la section « Cause de décès » sur les certificats de décès en Inde est souvent négligée, rendant difficile l’identification précise des maladies cardiaques chez les femmes.
Le Pouvoir d’un Mode de Vie Saine
Aujourd’hui, il est essentiel de rappeler que les maladies cardiaques sont étroitement liées à notre mode de vie. Les femmes, tout comme les hommes, peuvent réduire considérablement leurs risques en adoptant des habitudes saines telles qu’une bonne alimentation, un sommeil adéquat, une activité physique régulière et l’arrêt du tabac. Une étude publiée en février 2024 dans le *Journal of the American College of Cardiology* a révélé que les femmes bénéficient davantage de la réduction du risque de mortalité cardiovasculaire par rapport à leurs homologues masculins, même avec moins d’exercice.
Il est crucial de comprendre que, bien que les hommes aient généralement une plus grande capacité d’exercice due à une plus grande masse musculaire et taille cardiaque, les femmes peuvent obtenir des bénéfices significatifs avec moins d’effort. Les différences physiologiques entre les sexes montrent que les femmes peuvent renforcer leur force musculaire plus efficacement, ce qui est particulièrement pertinent entre 40 et 59 ans.
Encourager l’Activité Physique chez les Femmes
Malgré ces avantages, de nombreuses femmes en Inde font face à des obstacles socioculturels qui les empêchent d’être actives. Dès leur naissance, les femmes sont souvent découragées de prendre part à des activités physiques. De plus, les responsabilités familiales et domestiques peuvent également limiter leur temps pour l’exercice. Il est important de favoriser une culture où les femmes peuvent pratiquer des activités physiques, même simples, de manière régulière.
En somme, être conscient des symptômes des maladies cardiaques, qui peuvent varier entre les sexes, et maintenir un mode de vie actif peut significativement améliorer la qualité de vie sans distinction de genre ou d’âge.
Dr Rajat Chauhan – Médecin spécialisé en médecine sportive & médecine musculosquelettique
Eva Bacon – Coureuse, traductrice et gestionnaire de programme informatique