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Danger de la soif menace la Tunisie : réserves d’eau insuffisantes
En Tunisie, le spectre d’une crise hydrique se profile. Le 27 août 2024, le observatoire tunisien de l’eau a lancé des avertissements inquiétants, appelant à la déclaration d’un état d’urgence hydraulique dans le pays. Les experts estiment que les niveaux d’eau dans les barrages tunisiens ne suffiront pas à satisfaire les besoins des citoyens pendant plusieurs semaines.
Situation alarmante des barrages
Actuellement, le taux de remplissage des barrages tunisiens ne dépasse pas 23,2 %, correspondant à 545,683 millions de mètres cubes. Ces données, fournies par l’observatoire, montrent une baisse significative par rapport aux 736,634 millions de mètres cubes enregistrés à la même date il y a trois ans, ce qui représente une diminution alarmante de 190,951 millions de mètres cubes.
Expertise sur l’approvisionnement en eau
Selon l’experte en eau, Rawda Al-Qafraj, le stock d’eau de surface dans les barrages est extrêmement faible et pourrait ne pas suffire à alimenter la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (SONEDE) pendant un mois en l’absence de précipitations. Le taux d’évaporation quotidien s’élève à 0,5 million de mètres cubes pour une consommation comprise entre 1,7 et 2 millions de mètres cubes.
Solutions urgentes à envisager
Rawda Al-Qafraj a ajouté que la pompe du barrage de Burbara, qui possède le plus haut niveau d’eau, est hors service, nécessitant des mois pour sa réparation. De plus, le barrage de Sidi Salem, le plus grand du pays, ne contient que 18 % de son volume, dont seulement 25 millions de mètres cubes sont exploitables. Le barrage de Sidi Al-Barak suivant est également en situation critique.
Pour remédier à la crise de l’approvisionnement en eau, l’experte préconise que l’État envisage de distribuer de l’eau via des camions citernes à partir de puits profonds dédiés à l’agriculture, car le réseau de la SONEDE ne pourra pas assurer une pression suffisante pour alimenter toutes les zones, en particulier celles en altitude.
Appel à un changement de politique
Hussein Al-Rahili, un autre expert de l’observatoire tunisien de l’eau, a souligné que la différence de remplissage des barrages en trois ans est énorme, mettant en exergue une pénurie d’eau évidente. Il a appelé à une action rapide et sérieuse pour réviser les politiques de l’État concernant l’exploitation et la distribution de l’eau en tenant compte des changements climatiques.
Il a aussi souligné que le système de coupures d’eau n’est pas une solution durable, en particulier puisque plus de la moitié de la population consomme de l’eau des barrages. Al-Rahili a plaidé pour une planification systématique et un dialogue entre toutes les parties prenantes afin de traiter la question de l’eau, qu’il considère comme étant étroitement liée au développement.
Réactions officielles et préoccupations des citoyens
La Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux applique depuis un an une politique de coupures d’eau régulières dans plusieurs régions pour faire face à la faiblesse des ressources hydriques, suscitant des plaintes sur les réseaux sociaux.
Le président Kais Saied a également fait des déclarations, qualifiant les coupures d’eau de « simple complot de ses adversaires ». Ce sujet a été soulevé lors de sa rencontre avec des responsables du ministère de l’Agriculture et des ressources en eau.
Péripéties et attentes
En avril 2024, l’ancien ministre de l’Agriculture, Abdel Monem Belati, a averti que la Tunisie s’apprête à entrer dans une phase de sécheresse selon les prévisions climatiques, appelant ainsi à une action immédiate. De plus, le directeur régional de l’exploitation et de la distribution des eaux à Tunis a décrit la situation comme « très critique ». Les Tunisiens attendent avec impatience les pluies pour répondre à leurs besoins en eau, tandis que les experts climatiques préviennent que les précipitations habituelles de l’hiver pourraient être faibles.