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Rabat de Qalaoun : un legs mamelouk pour les pauvres et les pèlerins
Les bâtiments mamlouks à Jérusalem représentent une architecture unique, intégrant un grand nombre de structures emblématiques dans la vieille ville. Parmi ces monuments, le Rabat de Qalaoun se démarque, offrant un refuge aux visiteurs et aux pèlerins.
Localisation et établissement
Le rabat est un lieu d’hébergement conçu pour protéger les visiteurs et les habitants des menaces extérieures. Le Rabat de Qalaoun est situé au sud du chemin menant à la porte du Conseil, un des accès au sanctuaire de la mosquée Al-Aqsa, adjacent au Rabat de Aladdin Al-Basri.
Il a été ordonné par le sultan mamlouk Al-Manṣūr Qalaoun Al-Salihi en 681H (1282 après J.-C.), et est spécifiquement affecté aux pauvres et aux visiteurs de la terre sainte, comme l’indique l’inscription au-dessus de la porte du rabat.
Description du Rabat
Ce complexe se compose d’une cour ouverte avec une mosquée, entourée de chambres et de cellules disposées sur deux côtés opposés, au nord et au sud.
Il possède une entrée cintrée surmontée d’arcs, menant à un mausolée voûté et à la cour ainsi qu’aux chambres. Des espaces de stockage sont également présents pour conserver les grains, et le nombre de chambres a été augmenté pour accueillir davantage de personnes.
La façade du Rabat qui donne sur la porte du Conseil mesure 68 mètres de long et s’élève à près de 11 mètres. Elle est divisée en deux sections : la partie supérieure, datant de l’ère ottomane, et la section inférieure d’origine mamlouke. Un cadre décoratif en pierre sépare les deux segments, dont certains éléments d’origine sont encore visibles malgré les modifications subies au fil des siècles.
Fonction du Rabat
Le Rabat de Qalaoun était destiné à l’hébergement de soufis, tant masculins que féminins. Au début du 17e siècle, il accueillait 86 résidents, appelés « mujawir », en raison de leur proximité avec la mosquée Al-Aqsa.
À l’époque ottomane, son rôle a changé pour devenir une prison, surnommée « la maison d’arrêt du rabat ». À la fin de cette période, il a été utilisé comme logement pour des familles de Sudanais toubalonais.
Les waqfs affectés au Rabat
Les documents historiques montrent que les waqfs bénéficiant au Rabat de Qalaoun provenaient d’Acre, de Gaza, de Naplouse, de Safed et de Jérusalem. Ces waqfs étaient gérés pour maximiser les revenus et fournir un soutien aux résidents, incluant des allocations financières et matérielles.
Un fait remarquable est que les revenus du coton liés à ces waqfs à Acre ont atteint 4068 livres en 976H (1568 après J.-C.), et à la fin du 16e siècle, les bénéfices totaux dépassaient 15 000 akçes, la monnaie de l’Empire ottoman.