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De la Papouasie à Gaza : l’occupation militaire et le climat
De plus en plus, la communauté internationale commence à reconnaître que l’écosystème terrestre ne peut plus supporter le poids de l’occupation militaire. Cette prise de conscience, clairement exprimée dans le dernier slogan du mouvement environnemental « Pas de justice climatique sur des terres occupées », est particulièrement pertinente à la lumière des horreurs observées à Gaza depuis le 7 octobre.
Une réalité sous occupation
Alors que la corrélation entre occupation militaire et durabilité climatique peut sembler récente pour ceux vivant en paix et en sécurité, ceux qui vivent sous occupation, soumis à une menace constante de violence militaire, en sont bien conscients. Chaque frappe de missile guidé ou campagne de bombardement aérien menée par une armée occupante n’est pas seulement une attaque contre les personnes ciblées, mais aussi contre la capacité de leur terre à soutenir la vie.
Violence environnementale en Papouasie
Lors d’une récente audience sur « État et violence environnementale en Papouasie occidentale », tenue par le Tribunal permanent des peuples basé à Rome, il a été rapporté que l’occupation militaire indonésienne, qui dure depuis plus de sept décennies, a facilité un « génocide lent » du peuple papou, à travers non seulement la répression politique mais aussi la destruction progressive de la forêt, l’une des plus grandes et des plus biodiversifiées de la planète.
Exploitation des ressources naturelles
La Papouasie occidentale abrite l’une des plus grandes mines de cuivre et d’or du monde et un important site d’installation de gaz naturel liquéfié (GNL) de BP. Cette région est également celle où l’expansion des plantations de palmier à huile et de biocarburants est la plus rapide en Indonésie. Toutes ces industries laissent derrière elles des zones mortes écologiques, sécurisées par l’occupation militaire.
Attaques contre la voix légale
Au cours de l’audience du PPT, l’avocat papou éminent Yan Christian Warinussy a évoqué le lien entre la souffrance humaine en Papouasie occidentale et l’exploitation des ressources naturelles de la région. Juste une semaine plus tard, il a été abattu par un agresseur inconnu, un incident qui souligne une fois de plus l’indivisibilité de l’occupation militaire et de la violence environnementale.
Impact militaire sur le climat
À l’échelle mondiale, les militaires représentent presque 5,5 % des émissions de gaz à effet de serre, dépassant celles des industries de l’aviation et de la navigation associées. Des chercheurs de l’Université Queen Mary de Londres ont récemment conclu que les émissions des 120 premiers jours de cette dernière vague de violence à Gaza étaient supérieures aux émissions annuelles de 26 pays. Les émissions résultant de la reconstruction de Gaza dépasseront celles de plus de 135 pays.
Interconnexions entre violence humaine et écologique
Cependant, ces statistiques choquantes ne suffisent pas à révéler la profonde connexion entre violence militaire et violence environnementale. L’impact de la guerre et de l’occupation sur le climat n’est pas simplement un effet secondaire. Il est crucial de ne pas réduire notre analyse de ce qui se passe à Gaza à un dualisme entre le meurtre de personnes d’une part et l’impact sur « l’environnement » d’autre part. En réalité, l’impact sur les personnes est inséparable de celui sur la nature. Le génocide à Gaza est aussi un écocide.
Les leçons du passé : le Vietnam
Lors de la guerre du Vietnam, l’utilisation de produits chimiques toxiques, y compris l’Agent Orange, était une stratégie délibérée pour éliminer toute capacité de production agricole, forçant ainsi les populations à quitter leurs terres. Dans cette optique, toutes les opérations militaires visent à réduire ou à éliminer la capacité de la population « ennemie » à vivre de manière durable.
Stratégies d’écocide à Gaza
Depuis 2014, la démolition des maisons palestiniennes et des infrastructures essentielles par les forces d’occupation israéliennes est accompagnée de guerres chimiques, les herbicides pulvérisés par l’armée israélienne détruisant des terres agricoles entières à Gaza. Gaza a été soumise à une stratégie d’« écocide » qui rappelle celle utilisée au Vietnam.
Destruction systématique à Gaza
Les forces militaires occupantes cherchent depuis des années à réduire, voire à éliminer complètement, la capacité de la population palestinienne à vivre durablement à Gaza. Depuis le 7 octobre, elles mènent une guerre pour rendre Gaza complètement inhabitable.
Conséquences dévastatrices
Les chercheurs de Forensic Architecture ont découvert qu’au moins 50 % des terres agricoles et des vergers à Gaza sont désormais complètement détruits. De nombreux oliviers anciens ont également été rasés. Les champs de cultures ont été déracinés à l’aide de chars et de tracteurs. Touts cela a été le résultat d’un bombardement aérien généralisé, visant délibérément à anéantir l’écosystème local.
Tactiques guerrières et abus des ressources
La destruction intégrale de l’approvisionnement en eau et des infrastructures sanitaires, ainsi que la menace persistante de famine, ne sont pas des conséquences indésirées, mais des tactiques de guerre. L’armée israélienne a utilisé l’accès à la nourriture et à l’eau comme des armes dans son assaut incessant contre la population de Gaza.
Une tragédie incessante
Ces tactiques ne sont pas nouvelles pour les Palestiniens, que ce soit à Gaza ou en Cisjordanie. Entité sioniste utilise ces mêmes stratégies depuis longtemps pour maintenir son occupation, pressant les Palestiniens à quitter leurs terres tout en élargissant ses colonies illégales. Depuis le 7 octobre, ces efforts ont simplement été intensifiés, travaillant avec une urgence sans précédent pour éradiquer ce qui reste de la capacité des territoires palestiniens occupés à soutenir la vie.
Conclusion sur l’écocide en Palestine
Tout comme en Papouasie, la destruction environnementale n’est pas un effet secondaire non intentionnel, mais un objectif premier de l’occupation israélienne de la Palestine. Les dommages immédiats causés par l’occupation militaire à la population touchée ne sont jamais séparés des dommages à long terme qu’elle inflige à la planète. Pour cette raison, il serait erroné de tenter de séparer le génocide de l’écocide à Gaza ou ailleurs. Quiconque souhaite mettre fin à la souffrance humaine aujourd’hui et prévenir une catastrophe climatique à l’avenir devrait s’opposer à toutes les guerres d’occupation et à toutes les formes de militarisme qui les alimentent.