La banque centrale libyenne menacée : Washington s’oppose à un changement de gouverneur
Le gouverneur de la Banque centrale libyenne, Al-Siddiq al-Kabir, a déclaré que l’institution fait face à des menaces croissantes qui compromettent sa sécurité, celle de ses employés et de ses systèmes. Pendant ce temps, Washington a mis en garde contre un remplacement forcé du gouverneur.
Une rencontre stratégique à Tunis
Cette déclaration est survenue lors d’une rencontre entre Al-Siddiq al-Kabir et le représentant américain en Libye, Richard Norland, à l’ambassade des États-Unis à Tunis. Dans un communiqué, la Banque centrale libyenne a informé que le gouverneur et l’envoyé américain avaient discuté des développements récents concernant la banque et les menaces croissantes qui pèsent sur sa sécurité et celle de son personnel.
Le soutien inconditionnel de Washington
Selon le communiqué, Richard Norland a exprimé le soutien total de son pays envers la Banque centrale libyenne face à ces menaces, soulignant l’importance de préserver la stabilité de l’institution afin qu’elle puisse remplir son rôle efficacement.
Des tensions avec les groupes armés
Norland a ajouté : « J’ai rencontré le gouverneur de la Banque centrale libyenne pour discuter des mouvements inquiétants des groupes armés autour des locaux de la banque. » Il a également souligné que l’apparition d’une nouvelle vague de violences entre ces groupes armés ces derniers jours met en lumière les dangers persistants causés par la stagnation politique en Libye.
Cette situation fait référence à des affrontements entre des factions armées qui ont eu lieu vendredi dernier à Tajoura, à l’est de la capitale Tripoli, et qui ont entraîné la mort de neuf personnes.
Un avertissement clair
Norland a précisé que les menaces à la sécurité des employés et des opérations de la Banque centrale sont inacceptables. Il a insisté sur la nécessité de protéger l’intégrité de la Banque centrale libyenne tout comme celle des autres institutions souveraines du pays.
Il a mis en garde contre la possibilité d’un remplacement de la direction de la banque par la force, ce qui pourrait entraîner pour la Libye la perte de son accès aux marchés financiers internationaux.
Les enjeux politiques et économiques
Norland a déclaré que les conflits sur la distribution des richesses libyennes doivent être résolus grâce à des négociations transparentes et inclusives, en visant l’établissement d’un budget unifié basé sur un consensus.
Au cours des deux derniers jours, des médias sociaux libyens ont relayé des informations faisant état de l’intention du président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed Menfi, de destituer le gouverneur en s’appuyant sur des forces militaires dans l’ouest du pays, suite à des pressions exercées par le Premier ministre du gouvernement d’unité nationale, Abdul Hamid Dbeibah. Aucune réaction immédiate n’a été fournie par Menfi ou Dbeibah concernant ces informations.
Un paysage politique fragmenté
Les relations entre Dbeibah et le gouverneur de la banque se sont détériorées ces dernières semaines, surtout après leur rencontre avec le président du Conseil de la Chambre des représentants de la Libye, Aguila Saleh. Ce dernier a souvent déclaré que le gouverneur de la banque devrait être destitué et que sa présence à la tête de la banque est illégitime.
Actuellement, la Libye est marquée par une division entre deux autorités concurrentes : le gouvernement d’unité nationale reconnu internationalement, dirigé par Dbeibah et basé à Tripoli, et un autre gouvernement dirigé par Osama Hammad, basé à Benghazi, qui contrôle l’est du pays et des villes du sud.
Ce contentieux de pouvoir engendre une crise politique que les Libyens espèrent résoudre par l’organisation d’élections présidentielles et parlementaires, malgré le débat sur les lois régissant ces élections et l’entité qui devra les superviser.