Le Soudan plongé dans le chaos, témoignage de MSF
Des civils confrontés à la violence et aux assassinats, tandis que les professionnels de la santé et les installations médicales subissent des attaques persistantes au milieu de violences graves perpétrées par les deux parties en conflit au Soudan, a déclaré Médecins Sans Frontières dans un nouveau rapport.
L’organisation non gouvernementale, connue sous le sigle MSF, a averti dans le rapport publié lundi que la protection des civils s’est effondrée, avec des communautés entières « confrontées à une violence indiscriminée, des meurtres, des tortures et des violences sexuelles au milieu d’attaques persistantes contre les travailleurs de la santé et les installations médicales ».
Les Forces Armées Soudanaises (FAS) et les Forces de Soutien Rapide (FSR) ainsi que leurs partisans « infligent une violence horrible aux populations à travers le pays », lit-on dans le rapport intitulé « Une guerre contre le peuple – Le coût humain du conflit et de la violence au Soudan ».
Plus de 10 millions de personnes ont été déplacées depuis le début de la guerre en avril 2023, selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) des Nations Unies.
La guerre a eu un terrible impact avec des hôpitaux attaqués, des marchés bombardés et des maisons rasées, ajoute le rapport de MSF.
MSF a traité en moyenne 26 personnes par jour entre août 2023 et la fin avril 2024 dans un seul des hôpitaux qu’elle soutient à Omdurman, la plupart pour des blessures causées par des explosions, des coups de feu et des coups de couteau.
Il note également que tout au long de la guerre, les hôpitaux ont été régulièrement pillés et attaqués. En juin, l’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré que seuls 20 à 30% des établissements de santé dans les zones difficiles d’accès restaient fonctionnels, et ce, à des niveaux minimaux.
L’armée soudanaise et les FSR n’ont pas encore répondu au rapport. Ils ont précédemment nié tout préjudice intentionnel aux civils et se sont accusés mutuellement de crimes et de destruction au Soudan.
Enlèvements, abus, violence ethnique
Les FAS, dirigées par Abdel Fattah al-Burhan, et les FSR paramilitaires, dirigés par Mohamed Hamdan « Hemedti » Dagalo, ont refusé d’abandonner leur quête de contrôle du pays malgré la dévastation, les efforts de médiation régionaux et internationaux, et la condamnation de la violence infligée à la population civile.
Les conclusions de MSF indiquent des cas « choquants » de violence sexuelle et basée sur le genre, notamment au Darfour, où les FSR – issus de milices arabes ethniques ayant un passé de violence – ont longtemps été accusés de « nettoyage ethnique ».
Une enquête auprès de 135 survivantes de violences sexuelles traitées par les équipes de MSF entre juillet et décembre 2023 dans des camps de réfugiés au Tchad, près de la frontière soudanaise, a révélé que 90% avaient été abusées par un agresseur armé, 50% dans leurs propres foyers, et 40% avaient été violées par plusieurs agresseurs.
Un patient de MSF a déclaré que deux jeunes filles de son quartier à Gadarif, dans l’est du Soudan, avaient disparu en mars 2024.
Le rapport contient également des témoignages détaillant une « violence ethnique ciblée » au Darfour, où les milices des FSR commettent des violences contre les Masalit et d’autres personnes de différentes ethnies non arabes.
MSF souligne que les organisations humanitaires et médicales sont fréquemment bloquées pour fournir un soutien aux civils.
La violence des parties en conflit est aggravée par des obstructions : en bloquant, en interférant et en entravant les services lorsque les gens en ont le plus besoin, les tampons et les signatures peuvent être tout aussi mortels que les balles et les bombes au Soudan, a déclaré la Directrice Générale de MSF, Vickie Hawkins.