L’attention doit se porter sur la Palestine aux JO de Paris
Dans quelques semaines, le 26 juillet, les Jeux Olympiques de 2024 débuteront à Paris, apportant de la joie, de l’excitation et, peut-être plus important encore, un renouveau de la solidarité humaine dans la vie des amateurs de sport du monde entier.
Des millions de personnes d’Afrique à l’Asie, en passant par l’Europe et les Amériques, seront rivées à leurs écrans de télévision pour regarder les athlètes drapés des couleurs de leurs drapeaux nationaux concourir pour être les meilleurs et célébrer leurs succès comme les leurs. Les enfants surtout auront l’occasion de voir ce qui peut être réalisé grâce à la détermination et au travail acharné, et comment le sport peut rassembler les gens.
Pourquoi la Palestine devrait être au centre des préoccupations
Pour les Palestiniens essayant de survivre à la guerre génocidaire d’Israël à Gaza, les Jeux Olympiques de 2024 ne seront rien d’autre qu’une confirmation supplémentaire de l’indifférence apparente du monde à leur souffrance.
Des millions d’enfants palestiniens mutilés, orphelins, déplacés et traumatisés par l’agression israélienne ne seront même pas conscients de la compétition sportive mondiale qui se déroule en France. Ils seront trop occupés à chercher de l’eau, de la nourriture et un abri, et à pleurer leurs proches tués, leurs maisons détruites et leurs futurs volés pour prêter attention à qui court le plus vite ou saute le plus haut à Paris.
Depuis le 7 octobre, la bande de Gaza assiégée est le théâtre d’une tragédie sans précédent. Selon des estimations conservatrices, en un peu plus de neuf mois, l’armée israélienne a tué plus de 38 000 personnes et en a blessé près de 90 000. Ce bilan humain inclut plus de 15 000 enfants. De nombreux autres enfants se retrouvent sans parents. L’assaut israélien a également détruit la plupart des écoles et hôpitaux de la bande. Il n’y a plus d’universités debout. Autrefois peuplé de plus de deux millions de personnes, la plupart de Gaza n’est désormais que ruines.
Dans ce contexte sans précédent, les Jeux Olympiques ne devraient pas se poursuivre, comme si rien ne s’était passé, avec la participation d’Israël.
Violation des principes olympiques par Israël
La Charte olympique vise à créer un mode de vie fondé, entre autres, sur le « respect des droits de l’homme universellement reconnus et des principes éthiques fondamentaux universels ». Et depuis le 7 octobre dernier, Gaza subit une guerre génocidaire sans précédent.
Israël a violé de manière flagrante les droits de l’homme et les « principes éthiques fondamentaux universels » sans aucune conséquence depuis sa création. Pendant 76 ans, Israël a mis en œuvre méticuleusement un régime d’apartheid sur les Palestiniens et s’est révélé incapable de se conformer au droit humanitaire international ou même aux valeurs olympiques de base.
Parmi ses violations flagrantes figurent la confiscation généralisée des terres et des biens des Palestiniens, des actes illégaux de meurtre, le déplacement forcé, des restrictions sévères de mouvement, des détentions arbitraires, et le refus de nationalité et de citoyenneté aux Palestiniens.
Et pendant les neuf derniers mois, Israël s’est engagé dans une guerre génocidaire contre les Palestiniens à Gaza.
Laisser Israël participer à ces jeux alors qu’il continue de massacrer des Palestiniens quotidiennement serait une erreur d’une ampleur épique. Cela non seulement ridiculiserait les valeurs olympiques, mais encouragerait également le gouvernement israélien à continuer de tuer des hommes, des femmes et des enfants palestiniens innocents.
Certains disent qu’Israël devrait être autorisé à participer car « la politique et le sport doivent rester séparés », tandis que d’autres affirment qu’Israël ne devrait pas être puni pour « se défendre contre le Hamas ». Aucun de ces arguments n’a de mérite. Le massacre de masse d’enfants, la destruction systématique d’écoles, le nivellement d’hôpitaux ne sont pas des « actes de légitime défense » ou de simples désaccords politiques qui peuvent être mis de côté lors de compétitions sportives. Ce sont des crimes contre l’humanité qui ne devraient pas être ignorés ou excusés dans aucun contexte. Tout État commettant de tels crimes doit être confronté à une condamnation mondiale et à une exclusion.
Appel à l’exclusion d’Israël des JO de Paris
En février, un groupe de 26 législateurs français ont appelé le Comité International Olympique (CIO) à exclure Israël de la participation aux prochains Jeux Olympiques de Paris. Ils ont insisté pour que les athlètes israéliens participent sous un drapeau neutre, similaire à la manière dont les athlètes russes et biélorusses devraient concourir cette année en raison de l’agression continue de leurs pays contre l’Ukraine.
Des clubs sportifs palestiniens, des centres de jeunes et des organisations de la société civile ont également appelé le CIO à défendre ses principes et à respecter ses obligations. Ils ont demandé l’exclusion d’Israël des Jeux Olympiques, au moins jusqu’à ce qu’il renonce à son système d’apartheid.
La responsabilité collective de faire entendre la voix de la Palestine
Alors que les responsables refusent de défendre les valeurs olympiques et d’exclure Israël, il sera de notre responsabilité collective de mettre l’accent sur les crimes continuels d’Israël contre les Palestiniens lors de ces jeux.
Les spectateurs à Paris peuvent parler de la Palestine par des chants et des manifestations. Les athlètes peuvent également utiliser la lumière qui sera sur eux pour attirer l’attention sur Gaza. Ils peuvent organiser leurs propres manifestations, ou du moins montrer leur solidarité avec les Palestiniens en arborant un keffieh sur leurs épaules devant les caméras.
Les Jeux Olympiques ont de la valeur car pendant deux courtes semaines, ils réunissent les nations du monde dans une compétition amicale, nous rappelant notre humanité commune et la beauté de la solidarité humaine.
Si Israël est autorisé à participer sans protestations ni opposition, notamment cette année alors qu’il se rend coupable d’un génocide contre un peuple vivant sous son occupation, les jeux perdront tout leur sens pour devenir simplement un autre spectacle vide organisé pour divertir les masses et encourager la consommation.
Avec le CIO semblant réticent à défendre les valeurs olympiques et à faire ce qui est juste, il nous revient, à nous, citoyens du monde, de veiller à ce que les jeux servent leur objectif et promeuvent les « droits de l’homme » et les « principes éthiques fondamentaux universels ».
Nous devons cela aux Palestiniens qui souffrent depuis si longtemps.
Déclaration d’origine
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la position éditoriale d’Al Jazeera.