Tunisie : Saied fixe la présidentielle au 6 octobre
Le président tunisien Kais Saied a annoncé la tenue des élections présidentielles le 6 octobre, se plaçant ainsi en position de possiblement se représenter alors que bon nombre de ses opposants politiques sont derrière les barreaux.
Contexte politique
Élu en 2019 en tant que fervent opposant à l’establishment avec la promesse d’éradiquer la corruption, l’ancien professeur de droit constitutionnel n’a pas confirmé s’il se représenterait, mais il est largement attendu qu’il se présente pour un nouveau mandat de cinq ans.
Tourbillon économique et politique
La prise de pouvoir de Saied en 2021, en renvoyant le Parlement élu et gouvernant par décret, a plongé la Tunisie, dont l’économie est en difficulté depuis plus d’une décennie, dans une crise profonde. Avec un taux de chômage de 15 % et environ quatre millions de Tunisiens sur douze vivant dans la pauvreté, la situation est des plus précaires.
Une répression s’est abattue sur plus de 60 journalistes, avocats et opposants politiques, selon le Syndicat national des journalistes tunisiens. L’opposition affirme qu’il est impossible d’organiser des élections justes et crédibles tant que les politiciens emprisonnés ne sont pas libérés et que les journalistes ne peuvent pas exercer leur métier librement.
Répression des droits de l’homme en augmentation
Les partis de l’opposition, dont Ennahdha et le Parti constitutionnel libre, affirment que Saied cible leurs principaux leaders pour éviter des rivaux potentiels lors de la prochaine élection présidentielle.
Le leader du Parti constitutionnel libre et potentiel challenger de Saied, Abir Moussi, est en prison depuis l’année dernière sous des accusations de nuire à la sécurité publique. D’autres candidats potentiels, tels que Safi Saeed, Lotfi Maraihi, Nizar Chaari et Abd Ellatif Mekki, sont également poursuivis pour des crimes présumés tels que la fraude et le blanchiment d’argent.
Le leader d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, est également en prison pour des accusations selon lesquelles son parti aurait reçu un financement étranger. Amnesty International a qualifié son cas de « répression croissante des droits de l’homme et de l’opposition, dans le cadre d’une tendance profondément inquiétante ».
Saied, de son côté, a critiqué ce qu’il décrit comme « des politiciens se bousculant pour le pouvoir », affirmant qu’il ne céderait pas le pouvoir à ceux qu’il considère comme des non-patriotes.