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De l’Irak à Gaza : Comment les musulmans britanniques votent
La minorité musulmane au Royaume-Uni se trouve face à un défi de taille en abordant les prochaines élections générales prévues pour le 4 juillet, confrontée à des partis politiques qui semblent ignorer ses demandes. Au cœur des préoccupations se trouve l’appel à des positions fermes contre le génocide dont sont victimes les habitants de la bande de Gaza aux mains de l’armée israélienne d’occupation.
La tension actuelle entre la minorité musulmane et les partis britanniques, en particulier les travaillistes et les conservateurs, en raison de la position sur la guerre à Gaza, renvoie au contexte de l’invasion de l’Irak en 2003 dans laquelle le Royaume-Uni était engagé. À l’époque, la minorité musulmane s’était ralliée aux opposants à la guerre lors de manifestations historiques pour exiger le retrait britannique de cette invasion, sans rencontrer d’écho à ses protestations.
La guerre en Irak a laissé un héritage de défiance au sein de la communauté musulmane envers le processus électoral. Une partie de cette minorité a préféré se retirer et boycotter les élections qui ont suivi l’invasion de l’Irak, tandis qu’une autre partie a choisi de voter de manière punitive contre le Parti travailliste au pouvoir à l’époque. Se reproduira-t-il le même scénario lors des prochaines élections, qui coïncident avec l’agression contre Gaza ?
Retrait ou sanction
Les chiffres des élections de 2005, juste après l’invasion de l’Irak, montrent une baisse de plus de 25 % du vote de la communauté musulmane en faveur du Parti travailliste. À l’époque, le vote musulman pouvait faire pencher la balance pour seulement 10 sièges, tandis qu’actuellement il peut en décider plus de 42, dont le siège de Birmingham où réside une importante communauté musulmane, avec une baisse de 21 % du vote travailliste, et le siège « Bethnal Green » où le vote travailliste a chuté de 16 %.
La similitude entre les élections de 2005 et la période actuelle réside dans le fait que la communauté musulmane a favorisé l’élection au Parlement du député George Galloway en raison de son opposition à l’invasion de l’Irak. De même, lors des élections partielles au Parlement britannique en mars dernier, elle a soutenu le même député en raison de son opposition à la guerre contre Gaza.
- Manque d’intérêt pour la politique et les débats politiques.
- Défiance envers les hommes politiques.
- Le sentiment que voter ne change rien dans le choix des dirigeants du pays.
Position divergente
Masood Ahmed, secrétaire général du Conseil des musulmans de Grande-Bretagne, souligne la difficulté d’unifier la position au sein de la communauté musulmane en raison de divergences de vue des candidats sur ce qui se passe à Gaza. Il explique que certains députés travaillistes soutiennent la Palestine, tandis que d’autres élus musulmans préfèrent rester silencieux sur les événements à Gaza.
Contrairement à 2005, la communauté musulmane a commencé à exercer une pression sur les partis politiques, notamment le Parti travailliste, qui ont modifié leur position pro-israélienne au début de la guerre, voyant le risque de perdre des voix influentes dans des circonscriptions où les voix arabes et musulmanes sont déterminantes dans le choix d’un candidat par rapport à un autre.
- Le manque d’unité des partis face à la cause palestinienne, comme le parti des Verts qui a soutenu le droit des Palestiniens à un État indépendant et condamné la guerre israélienne contre Gaza.
Participation accrue
Mohammed Kazbar, président du conseil des fiduciaires de la mosquée de Finsbury Park à Londres, prévoit une participation active de la communauté musulmane aux prochaines élections. Il affirme que ces électeurs sont non seulement attentifs au vote le jour du scrutin, mais qu’ils s’impliquent activement dans la mobilisation des candidats, qu’ils soient indépendants ou affiliés à des partis politiques, en soutien à la cause palestinienne.
Il révèle que les institutions islamiques réalisent un travail acharné pour encadrer et sensibiliser les électeurs sur l’importance de ces élections pour faire la différence, soulignant l’importance du vote musulman et du soutien aux questions qui leur tiennent à cœur, bâtissant ainsi une étape cruciale dans l’histoire de l’implication des communautés musulmanes dans la politique britannique en tant que bloc électoral unifié pour faire pression sur les politiques britanniques.