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De l’IA aux guerres, éthique médicale et dimensions culturelles
La capitale qatarienne a récemment accueilli un événement de grande importance du 3 au 6 juin. Le Centre de recherches sur la législation islamique et l’éthique de l’Université Hamad bin Khalifa, en collaboration avec le World Innovation Summit for Health (WISH), a organisé le 17e Congrès mondial de l’éthique médicale et biotechnologique. C’est la première fois que cette conférence se tient dans le monde arabe et islamique ainsi qu’au Moyen-Orient.
Le Congrès mondial de l’éthique médicale et biotechnologique, qui se réunit tous les deux ans depuis plus de trois décennies, est l’événement le plus important et le plus prestigieux dans ce domaine. Des centaines de chercheurs et de scientifiques en éthique, philosophie, sciences sociales et médicales se rencontrent pour discuter des questions cruciales qui préoccupent autant les spécialistes que le grand public.
Les recherches présentées, approuvées après une évaluation scientifique, et les discussions qui en découlent, forment la base de connaissance de ce domaine. Elles déterminent la relation entre les avancées scientifiques rapides en médecine et biotechnologie et les jugements éthiques sur ce qui est acceptable ou non.
La nouveauté de l’édition de Doha
Des études et statistiques montrent que 8 personnes sur 10 ont une appartenance religieuse, y compris les patients, médecins et travailleurs de santé. Il est donc crucial de tenir compte des valeurs et croyances de plus de 80% de la population mondiale. L’édition de Doha de ce congrès avait pour objectif de pallier cette lacune, sous le thème « Religion, culture et discours global en éthique médicale et biotechnologique ». Pour la première fois, des sessions complètes ont été tenues en arabe pour permettre aux savants islamiques de présenter leurs perspectives dans leur langue natale, avec une traduction en anglais pour l’audience internationale.
Des institutions majeures comme l’Organisation islamique des sciences médicales au Koweït et l’Académie internationale du droit islamique de Djeddah ont participé, favorisant un échange enrichissant entre chercheurs de différentes origines et importantes institutions internationales comme l’OMS et l’UNESCO.
Des développements marquants incluent la nomination du premier président africain, originaire du Ghana, de l’Association internationale d’éthique biomédicale, et la sélection de l’Afrique du Sud pour accueillir la 18e édition du congrès en 2026, une première pour le continent africain. Une session de fondation a également été tenue pour créer l’Association islamique internationale d’éthique biomédicale, offrant une plateforme globale aux chercheurs du monde entier.
IA et éthique des guerres
L’édition de Doha a rassemblé plus de 1100 personnes venant de 75 pays de tous les continents, avec plus de 500 intervenants participant à plus de 140 sessions, et 800 conférences. Les sujets abordés ont inclus les tests génétiques, les techniques d’édition génétique, la transplantation d’organes, et la définition de la fin de vie, entre autres. Deux thèmes principaux ont retenu une attention particulière : l’intelligence artificielle et l’éthique des guerres.
Les avancées en IA ont introduit de nouveaux défis dans les soins de santé, avec des machines intelligentes capables de diagnostiquer, prescrire et même effectuer des opérations chirurgicales. Il a été conclu que la responsabilité médicale devrait toujours incomber à l’humain, bien que celui-ci pourrait partager cette responsabilité avec les chercheurs en données massives et les développeurs de logiciels. Une préoccupation majeure a été la disparité numérique entre les régions du monde, où les données utilisées pour entraîner les machines proviennent de pays technologiquement avancés, risquant de créer des inégalités dans les soins lorsque appliquées aux populations moins représentées dans ces bases de données.
L’éthique des guerres, notamment l’impact sur les soins médicaux, a également été discutée. L’attaque des établissements de santé et de leurs personnels, bien que criminalisée par les accords internationaux, est devenue monnaie courante dans certains contextes de conflit, comme c’est le cas à Gaza. La liberté de discuter de ces questions pendant le congrès a été particulièrement appréciée, mettant en lumière la nécessité d’une réflexion continue sur l’éthique des guerres et les soins de santé.