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Le sel augmente le risque d’une maladie de peau inflammatoire selon une étude
Le sel est mauvais pour la santé, on le sait. Mais pourrait-il avoir un impact sur des maladies de peau ? D’après une étude américaine de l’Université de Californie à San Francisco, une consommation trop importante de sodium pourrait augmenter le risque de souffrir de dermatite atopique, ou eczéma.
Les résultats de l’étude
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont analysé les données de santé de plus de 215 000 adultes âgés de 37 à 73 ans au sein d’une biobanque anglaise. Ils ont cherché à savoir s’il y avait un lien entre le taux de sodium dans les urines et la dermatite atopique. Les chercheurs se sont rendu compte qu’il y avait bien un lien.
« Une augmentation de 1 g de l’excrétion de sodium estimée dans les urines a été associée à une probabilité de diagnostic de la dermatite atopique supérieure de 11 %, à une probabilité de dermatite atopique active supérieure de 16 % et à une probabilité d’aggravation de la dermatite atopique supérieure de 11 % », révèlent les chercheurs dans leur publication dans la renommée revue JAMA Dermatology (source 1). Ce lien était plus marqué chez les femmes que chez les hommes, précisent les auteurs de l’étude.
Validation de l’étude initiale
Pour aller plus loin, les chercheurs ont mené une deuxième étude « de validation » auprès de plus de 13 000 Américains, des données de santé issues de la National Health and Nutrition Examination Survey. Cette deuxième étude a révélé un risque accru de souffrir d’eczéma de 22 % chez ceux qui avaient un apport en sodium alimentaire supérieur de 1 g par jour. La consommation de sel a cette fois été estimée grâce à des questionnaires sur l’alimentation.
Autre preuve d’un lien entre la consommation de sel et l’eczéma : « chez les participants dont l’apport en sodium était inférieur au niveau recommandé par le NHS (les autorités sanitaires anglaises, ndlr), il n’y avait pas de preuve d’un risque accru de dermatite atopique ». Si le NHS recommande de ne pas consommer plus de 6 g de sel, l’Organisation mondiale de la santé recommande, elle, de consommer moins de 5 g de sel par jour, soit moins d’une cuillère à café (source 2). Malgré ces recommandations, « l’apport moyen des adultes dans le monde est de 10,78 g de sel par jour », alerte l’OMS.
C’est une étude assez solide qui confirme une idée qui était un peu dans l’air depuis quelques années. Dr Pierre-André Bécherel, dermatologue.
Liens entre l’alimentation et l’eczéma
Les chercheurs américains rappellent qu’une étude précédente avait montré que « la consommation de fast-food a été associée à une augmentation de 20 % du risque de dermatite atopique et de 70 % du risque de dermatite atopique grave chez les adolescents ». Le sel, largement présent dans les fast-foods, serait-il en cause de ce risque accru ? « On sait que des aliments très transformés, souvent très salés, sont associés à des poussées inflammatoires liées à l’eczéma », note le Dr Bécherel.
Plus globalement, certains aliments seraient bénéfiques, et d’autres à limiter en cas d’eczéma. « Ce qui est établi, c’est que des aliments sont pro-inflammatoires (graisses saturées, fast-food…) et d’autres sont anti-inflammatoires et vont diminuer les poussées d’eczéma ». Sur son site, l’Association française de l’eczéma conseille d’ailleurs d’éviter les graisses saturées et les plats préparés (source 3).
Pour expliquer ce lien entre la consommation de sel et l’eczéma, les auteurs de l’étude avancent que le sodium est stocké dans la peau, et cette présence est associée « aux maladies auto-immunes et inflammatoires chroniques, y compris la dermatite atopique ». Une hypothèse que confirme le dermatologue : « Le sodium peut être associé à l’activation des lymphocytes, des cellules du système immunitaire sous la peau. Cette activation entraîne la réaction immunitaire qu’est l’eczéma ».
Manger le moins salé possible peut être bénéfique, on peut absolument avoir ce discours à ses patients qui ont un eczéma sévère. C’est un message que l’on peut raisonnablement faire passer. Dr Bécherel.
Eczéma de l’enfant : la faute à quoi ?
Le lien entre le sel et la dermatite atopique ne s’arrête pas aux adultes. En effet, les enfants peuvent également être affectés par une consommation excessive de sodium. Divers facteurs peuvent aggraver l’eczéma chez les enfants, notamment une alimentation riche en sel, en graisses saturées et en aliments transformés.
Des études ont montré que les enfants qui consomment régulièrement des fast-foods ou des aliments très salés sont plus susceptibles de développer des poussées d’eczéma. Il est donc crucial pour les parents de surveiller la consommation de sel de leurs enfants et d’opter pour une alimentation plus équilibrée et moins transformée.
Prévention et recommandations
Pour réduire le risque de dermatite atopique lié à la consommation de sel, il est important de suivre certaines recommandations alimentaires. Voici quelques conseils pratiques :
- Réduisez la consommation de sel en évitant les aliments très salés tels que les plats préparés, les fast-foods et les snacks salés.
- Privilégiez une alimentation riche en fruits, légumes, grains entiers et protéines maigres.
- Optez pour des alternatives aux produits salés, comme les épices et les herbes aromatiques, pour assaisonner vos plats.
- Surveillez les étiquettes alimentaires pour vérifier la teneur en sodium des produits que vous achetez.
- Buvez beaucoup d’eau pour aider à éliminer l’excès de sodium du corps.
En suivant ces recommandations, il est possible de réduire le risque de dermatite atopique et d’améliorer la santé globale de la peau. Comme le souligne le Dr Bécherel, « Manger le moins salé possible peut être bénéfique pour les patients souffrant d’eczéma sévère, et c’est un message que l’on peut raisonnablement faire passer ».