Les combats à Rafah s’intensifient : Israël contrôle le corridor Gaza-Égypte
Les habitants de Rafah ont rapporté d’intenses bombardements d’artillerie et des échanges de tirs dans cette ville située à l’extrême sud de Gaza, après qu’Israël a annoncé avoir pris le contrôle d’un corridor stratégique à la frontière du territoire palestinien avec l’Égypte.
L’armée israélienne a lancé son incursion à Rafah début mai, malgré les objections internationales concernant le sort des civils palestiniens qui s’y abritent.
Une frappe au cours du week-end, qui a déclenché un incendie et tué des dizaines de personnes dans un camp de déplacés, a provoqué une nouvelle vague de condamnations, y compris une campagne sur les réseaux sociaux avec le slogan « Tous les yeux sur Rafah » qui a été partagée par des dizaines de millions d’utilisateurs.
Israël a déclaré mercredi que ses forces avaient pris le contrôle du corridor de Philadelphie, long de 14 kilomètres, à la frontière entre Gaza et l’Égypte, qu’il soupçonnait d’être utilisé pour la contrebande d’armes.
Le porte-parole militaire, le contre-amiral Daniel Hagari, a annoncé qu’Israël avait pris le « contrôle opérationnel » de cette étroite zone frontalière, où les troupes avaient « découvert environ 20 tunnels ».
Réactions et Conséquences Régionales
L’Égypte, médiateur de longue date dans le conflit et de plus en plus critique à l’égard de l’opération israélienne, a rejeté les allégations de tunnels de contrebande sous la zone tampon.
« Israël utilise ces allégations pour justifier la poursuite de l’opération sur la ville palestinienne de Rafah et prolonger la guerre à des fins politiques », a déclaré une source égyptienne de haut niveau citée par Al-Qahera News, un média d’État.
Les responsables égyptiens ont déclaré qu’une éventuelle prise de contrôle israélienne du corridor de Philadelphie pourrait violer l’accord de paix historique de 1979 entre les deux pays, bien qu’il n’y ait eu aucun commentaire officiel du Caire depuis l’annonce militaire.
Des Conséquences Humanitaires Alarmantes
Un correspondant de l’AFP a rapporté des tirs d’artillerie et des échanges de coups de feu dans le quartier de Zeitoun à Gaza, dans le nord du territoire, où des témoins ont vu de gros panaches de fumée s’élever au-dessus du camp de réfugiés de Jabalia et de Beit Lahiya.
Un flot constant de civils a fui Rafah, transportant leurs effets personnels à pied, en voiture ou sur des charrettes tirées par des ânes. Avant le début de l’offensive à Rafah, l’ONU avait indiqué que jusqu’à 1,4 million de personnes s’y réfugiaient. Depuis, un million de personnes ont quitté la zone, selon l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA.
L’armée israélienne a déclaré jeudi que ses forces avaient attaqué plus de 50 cibles à travers Gaza la veille. Les troupes ont trouvé des armes, des explosifs et des puits de tunnel à Rafah, et ont combattu des combattants à Jabalia, selon un communiqué.
L’attaque israélienne du week-end et l’incendie qui a suivi, ravageant le camp de déplacés à Rafah, ont tué 45 personnes, selon les responsables de Gaza, et ont entraîné deux jours de discussions au Conseil de sécurité de l’ONU.