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Le Liban reprend l’expulsion des réfugiés syriens
Les autorités libanaises ont repris aujourd’hui, mardi, le transfert de réfugiés syriens vers leur pays, après une interruption d’environ un an et demi. Cela intervient malgré les avertissements des organisations de défense des droits humains et internationales sur des expulsions forcées, affirmant que la cessation des combats en Syrie ne signifie pas que les conditions y sont sûres pour le retour des réfugiés.
Opérations de transport
Des bus et des petits camions, certains portant des plaques d’immatriculation libanaises et d’autres syriennes, se sont rassemblés dans la région de Arsal, dans l’est du Liban, dès les premières heures du matin, avant de commencer à se diriger progressivement vers les territoires syriens sous la supervision de la sécurité générale libanaise. Les réfugiés ont emporté avec eux des effets personnels, ainsi que des volailles et des animaux.
La National News Agency (NNA) du Liban a indiqué que la sécurité générale avait annoncé l’organisation du retour d’environ 330 réfugiés par deux points de passage frontaliers à Arsal et dans la ville de Qaa, dans le cadre du programme de « retour volontaire » lancé par la sécurité générale depuis 2017.
De son côté, l’agence de presse syrienne SANA a rapporté l’arrivée d’un « nouveau groupe de déplacés syriens revenant du Liban via le point de passage de Zamrani dans la région rurale de Damas », sans préciser le nombre de personnes concernées.
Pressions internationales et discussions parlementaires
La reprise du rapatriement des réfugiés syriens intervient alors que le parlement libanais doit discuter demain, mercredi, d’aides d’une valeur d’un milliard d’euros (1,08 milliard de dollars) de l’Union européenne, dont l’annonce en début de mois a suscité l’irritation de certaines parties libanaises qui exigent une solution radicale au problème.
Appels à l’action
Le secrétaire général du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, a appelé hier dans un discours télévisé à « ouvrir la mer » aux réfugiés syriens, afin de faire pression sur l’Union européenne et les États-Unis pour qu’ils aident à leur retour en Syrie et leur apportent des aides sur place.
L’ancien président libanais Michel Aoun a également critiqué, dans une publication sur la plateforme X, l’idée de réinstaller les réfugiés syriens au Liban, la qualifiant de « pensée diabolique » visant à « déraciner les Libanais à travers le monde » et rappelant que le motif sécuritaire des déplacements avait disparu.
Aides européennes et coopération bilatérale
Le programme d’aide proposé s’étend jusqu’à 2027. L’Union européenne a déclaré qu’elle comptait sur la coopération des autorités libanaises pour contrôler les frontières et lutter contre le trafic de réfugiés, après la multiplication des embarcations se dirigeant vers l’Europe.
Sandra De Waele, ambassadrice de l’Union européenne au Liban, a précisé que ce financement permettrait de continuer à soutenir des secteurs clés tels que la protection sociale, la santé, l’eau et l’éducation. Elle a ajouté que ces aides ne profitent pas uniquement aux réfugiés syriens, mais aussi à de nombreux Libanais qui bénéficient des programmes d’aide sociale financés par l’Union européenne.
Défis à l’accueil des réfugiés
Les autorités libanaises affirment que le pays accueille environ 2 millions de Syriens, dont moins de 800 000 sont enregistrés auprès des Nations Unies. Elles considèrent ce dossier comme un fardeau insupportable, surtout dans le contexte d’une crise économique aiguë depuis l’automne 2019.
Toutefois, des organisations internationales ont mis en garde contre les risques de rapatriement forcé des réfugiés, soulignant qu’ils pourraient faire face à des arrestations et des poursuites en Syrie, en plus de l’effondrement des infrastructures et des conditions économiques difficiles là-bas.