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HRW accuse les RSF de nettoyage ethnique au Darfour Ouest
L’organisation Human Rights Watch a accusé aujourd’hui jeudi les Forces de soutien rapide (RSF) au Soudan de commettre ce qu’elle qualifie de crimes de nettoyage ethnique et d’actes de violence qui pourraient constituer un génocide à l’encontre de la tribu des Masalit dans la ville de Geneina, capitale de l’État du Darfour Ouest.
Des milliers de victimes et des déplacements massifs de population
Cette organisation de défense des droits de l’homme a publié un rapport de 186 pages documentant ce qu’elle décrit comme le ciblage par les Forces de soutien rapide et des milices arabes des quartiers habités majoritairement par des Masalit à Geneina. Elle a confirmé que les habitants de la ville ont subi des vagues continues d’attaques entre avril et juin 2023, des violations qui se sont intensifiées au début de novembre de la même année.
Selon le rapport intitulé « Les Masalit ne rentreront pas chez eux… Nettoyage ethnique et crimes contre l’humanité à Geneina », les attaques perpétrées par les RSF et les milices alliées ont entraîné la mort d’au moins des milliers de personnes et le déplacement de centaines de milliers d’autres.
L’organisation a indiqué que plus d’un demi-million de personnes ont fui l’ouest du Darfour vers le Tchad entre avril et octobre 2023, signalant que 75% de ces déplacés sont originaires de Geneina.
Appels à l’action internationale
Le rapport mentionne que le ciblage des Masalit et d’autres tribus non-arabes vise à les contraindre à quitter la région de manière permanente, ce qui constitue un nettoyage ethnique selon Human Rights Watch.
La directrice exécutive de l’organisation des droits de l’homme, Tirana Hassan, a déclaré : « Le contexte particulier des larges opérations de meurtres suscite également la possibilité que les Forces de soutien rapide et leurs alliés aient l’intention de détruire totalement ou partiellement les Masalit dans l’ouest du Darfour, ce qui suggère qu’un génocide s’est déjà produit ou est en cours là-bas. »
Elle a ajouté : « La possibilité de commettre des crimes de génocide au Darfour nécessite une action immédiate de la part de tous les gouvernements et institutions internationales pour protéger les civils. »
Tirana a appelé à enquêter sur les crimes commis contre la tribu des Masalit et d’autres tribus africaines dans l’ouest du Darfour, exhortant « les gouvernements, l’Union africaine et les Nations Unies à agir dès maintenant pour protéger les civils ».
Appel à un soutien pour les enquêtes de la CPI
Human Rights Watch a également documenté que les Masalit ont commis des meurtres contre certains Arabes du Darfour et ont pillé leurs quartiers résidentiels.
L’organisation a appelé la communauté internationale à soutenir les enquêtes menées par la Cour pénale internationale sur les crimes commis au Darfour.
La Cour pénale internationale a lancé le 14 juillet 2023 une enquête sur les crimes de guerre possibles au Darfour, en particulier en ce qui concerne les crimes de violences sexuelles et le ciblage des civils en raison de leur origine ethnique.