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Ecoutez les Palestiniens malgré le bruit politique et médiatique
Dans un contexte où les visites de Blinken, le Secrétaire d’État américain, et de William Burns, le directeur de la CIA, se multiplient dans la région, où les médiateurs se réunissent à Doha, au Caire et à Paris, et où le Conseil de Sécurité peine à adopter une résolution pour mettre fin à la guerre, émettant finalement un texte non contraignant, tandis que les ministres des Affaires étrangères des pays arabes se réunissent pour relancer l’initiative de paix arabe, des débats agités entre le Hamas et le Fatah sur la décision du Hamas concernant « l’orage d’Al-Aqsa”, et des frictions se font ressentir entre les deux factions…
Entre-temps, alors que tout cela se déroule, personne ne s’arrête pour entendre les voix des Palestiniens qui paient seuls le prix de cette guerre.
Une souffrance persistante
Un sondage réalisé début mars, soit cinq mois après la guerre, a révélé que près de 80% des habitants de Gaza affirmaient qu’au moins un membre de leur famille avait été tué ou blessé. Sur l’ensemble des victimes, environ 60% des Palestiniens ont perdu au moins un martyr lors de ce conflit.
Les résultats d’une enquête menée par le Centre Palestinien de Recherche Politique et de Sondage en Cisjordanie et dans la bande de Gaza entre le 5 et le 10 mars 2024 indiquent que seuls 44% des habitants de Gaza estiment avoir suffisamment de nourriture pour un ou deux jours, tandis que 55% déclarent en manquer. Lorsqu’ils ont besoin de nourriture ou d’eau, seuls 19% des habitants de Gaza estiment pouvoir accéder à un endroit où ils pourraient obtenir de l’aide. Ces résultats mettent en lumière les besoins essentiels inaccessibles pour la plupart des habitants de Gaza : tentes, vêtements et couvertures.
La satisfaction à l’égard de la performance du Hamas reste élevée et stable dans l’ensemble, atteignant 70% (75% en Cisjordanie et 62% à Gaza).
Malgré cette souffrance, l’aide humanitaire est malheureusement politisée. La majorité écrasante (70%) des répondants estime qu’il y a un traitement discriminatoire dans la distribution de l’aide, basé sur des considérations politiques.
Tensions politiques et aspirations divergentes des Palestiniens
- Reforme de l’Autorité: La politique peut-elle ranimer les os desséchés?
Une majorité de 65% estime que l’Autorité Palestinienne est devenue un fardeau pour le peuple palestinien. Quant à la démission du Président Mahmoud Abbas, 84% des Palestiniens souhaitent son départ. En ce qui concerne le plan de réforme proposé pour renforcer et réformer l’Autorité palestinienne, seuls 23% des Palestiniens le soutiennent.
- Pas d’avenir sans le Hamas
Si des élections législatives étaient organisées aujourd’hui avec la participation de toutes les forces politiques ayant participé aux élections de 2006, 64% des Palestiniens voteraient. Parmi les votants potentiels, 47% soutiendraient le Hamas, 22% le Fatah et 9% d’autres partis. La confiance envers le Hamas reste stable à 70% dans l’ensemble.
- Persistante méfiance envers le système international et la solution à deux États
La majorité écrasante des Palestiniens (83%) estime que les déclarations répétées de l’administration américaine sur une solution à deux États ne sont pas sérieuses. La viabilité de la solution à deux États et la création d’un État palestinien indépendant sont perçues comme peu probables par 72% des Palestiniens.
Conclusion
Face à ces données alarmantes et bien d’autres issues de ce sondage, les politiciens trouveront-ils un terrain d’entente pour un avenir pacifique, ou sembleront-ils semer des mines, élaborant une recette explosive pour l’avenir? L’opinion exprimée dans cet article est celle de l’auteur et ne reflète pas nécessairement la position éditoriale d’Al Jazeera.