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Le Cheikh Al-Mahlawi, le prêcheur qui a désarçonné Sadate
Le célèbre prédicateur du Caire, Cheikh Ahmed Al-Mahlawi, Imam et prédicateur de la mosquée du commandant Ibrahim à Alexandrie, a quitté notre monde le dimanche dernier, après une vie riche en événements, s’étendant sur 99 ans (1925-2024), depuis sa naissance dans la province de Kafr El-Sheikh jusqu’à son décès après s’être retiré de la vie publique en 2017, affecté par les maladies liées à la vieillesse.
Les érudits au service du pouvoir
Le Cheikh Al-Mahlawi illustre la relation complexe entre le gouvernant et l’homme de religion, qu’il s’agisse d’un érudit juridique, d’un prédicateur musulman ou même d’un prêtre chrétien. Cette relation délicate existe depuis longtemps, oscillant entre la coopération, comme dans l’Égypte ancienne et l’Europe médiévale, où le prêtre était un allié du souverain pour inciter les fidèles à l’obéissance, et le conflit, comme dans le cas du Cheikh Ahmed Al-Mahlawi.
La colère des dirigeants égyptiens
Le parcours du Cheikh Al-Mahlawi a été marqué par une confrontation épique avec le troisième président de l’Égypte de l’ère républicaine (depuis 1952), Mohamed Anouar El-Sadate, qui a succédé au président Gamal Abdel Nasser et gouverné l’Égypte pendant 11 ans (1970-1981). Cette confrontation a abouti à l’arrestation du prédicateur le 3 septembre 1981, suivie d’un mois plus tard de l’assassinat de Sadate le 6 octobre 1981.
Opposition farouche au traité de paix
La période du règne de Sadate a été considérée comme l’âge d’or des mouvements et groupes islamistes en Égypte. Il a permis une liberté accrue pour ces groupes dans les institutions éducatives, nourrissant ainsi une opposition féroce au traité de paix avec Entité sioniste. Le Cheikh Al-Mahlawi s’est rapidement transformé en un opposant virulent à Sadate après sa visite en Entité sioniste et la signature des accords de Camp David en 1978 puis du traité de paix en 1979.
Les arrestations de septembre 1981
Le 3 septembre 1981, les forces de sécurité, sur ordre du président Sadate, ont arrêté 1536 personnalités politiques, intellectuelles, culturelles, journalistes et dirigeants de l’opposition, dont le Cheikh Al-Mahlawi. Les arrestations faisaient suite à un profond mécontentement concernant le traité de paix avec Entité sioniste et les critiques adressées à Sadate à ce sujet.
La lutte pour la cause palestinienne
Le Cheikh Al-Mahlawi, fidèle à ses principes, a continué à s’exprimer en accord avec sa conscience et ses convictions, ne cherchant ni hypocrisie ni complaisance, ni à obtenir du pouvoir ou à se rapprocher du souverain. Sa voix s’est élevée à de nombreuses occasions pour condamner les agressions israéliennes contre le peuple palestinien et soutenir les mouvements de contestation populaire.