Iran vote en pleine crise économique, scrutins décisifs en jeu
Les Iraniens se rendent aux urnes pour un nouveau parlement dans un scrutin marqué par la frustration liée aux difficultés économiques et aux restrictions sur les libertés politiques et sociales.
L’élection de ce vendredi est la première mesure formelle de l’opinion publique depuis les manifestations antigouvernementales de 2022-2023 qui ont dégénéré en l’une des pires crises politiques depuis la Révolution islamique de 1979.
Les responsables iraniens, y compris le Guide suprême Ali Khamenei, ont exhorté le public à voter, mais les bureaux de vote de la capitale, Téhéran, semblaient avoir peu de votants.
Les autorités ont largement interdit aux politiciens appelant à des changements au sein de la théocratie du pays, largement connus sous le nom de réformistes, de se présenter aux élections, ne laissant que des figures conservatrices ou dures en lice.
L’économie de l’Iran continue de stagner sous les sanctions occidentales en raison du programme nucléaire de Téhéran en pleine avancée et de l’armement par le pays de milices mandataires au Moyen-Orient et de la Russie dans son soutien à la guerre en Ukraine.
Certains votants de vendredi ont reconnu les défis auxquels l’Iran est confronté.
« Il y a de nombreux problèmes; trop de problèmes », a déclaré un électeur, qui n’a donné que son nom de famille, Sajjad. « Nous sommes tristes, nous sommes affligés et nous exprimons nos critiques autant que possible. Avec la volonté de Dieu, les responsables commenceront à penser à nous, et probablement beaucoup d’entre eux se soucient de nous. »
Environ 15 000 candidats se disputent les sièges du parlement composé de 290 membres, officiellement connu sous le nom de l’Assemblée consultative islamique. Parmi eux, seuls 116 sont considérés comme relativement modérés ou favorables aux réformes. Ceux qui réclament des changements radicaux sont interdits ou n’ont pas jugé utile de s’inscrire en raison de disqualifications généralisées par les autorités.
Un Iranien montre son doigt marqué d’encre après avoir voté dans un bureau de vote à Téhéran [Atta Kenare/AFP]
Assemblée des experts
Il y avait 144 candidats en lice pour les sièges des 88 membres de l’Assemblée des experts – tous des membres éminents du clergé puissant du pays.
L’élection de l’Assemblée pourrait s’avérer cruciale car elle pourrait déterminer la direction future de l’Iran, selon Sina Toossi, chercheur principal non résident au Center for International Policy.
« L’Assemblée des experts est l’organe qui nomme et supervise le Guide suprême, qui a le dernier mot sur toutes les questions politiques, religieuses et de sécurité majeures », a-t-il déclaré à Al Jazeera, soulignant que Khamenei est au pouvoir depuis 1989.
Les Iraniens remplissent leurs bulletins de vote avant de voter lors des élections visant à sélectionner les membres du parlement et un organe clé clérical à Téhéran le 1er mars 2024 [Photo par Atta Kenare/AFP]