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Crise chez Boeing : les problèmes de fabrication émergent
Un récent rapport du Wall Street Journal a mis en lumière les inquiétudes de longue date au sein de Boeing concernant ses pratiques de fabrication. Ces préoccupations ont conduit à une série de problèmes de qualité qui ont culminé avec l’incident d’un avion d’Alaska Airlines le 5 janvier.
Cet incident a mis en évidence les défis liés à la stratégie globale de Boeing de sous-traiter la fabrication de ses avions, relançant ainsi les questions sur la supervision de ses propres processus de fabrication.
Les inquiétudes suscitées par la sous-traitance
Selon le journal, les racines des défis de fabrication auxquels est confrontée Boeing remontent à un document controversé présenté en 2001 par l’ingénieur aéronautique John Hart Smith, qui avait mis en garde contre les risques liés à l’externalisation excessive. Il avait souligné l’importance de la qualité sur place et du soutien technique de la société mère.
Des années plus tard, Boeing fait face aux répercussions de sa stratégie de sous-traitance, comme en témoignent les diverses questions de qualité, y compris les accidents mortels impliquant le modèle 737 MAX 8 en 2018 et 2019. L’incident récent impliquant l’explosion d’une cabine de MAX 9 d’Alaska Airlines en plein vol a intensifié l’examen des processus de fabrication de Boeing.
La bataille pour la qualité
Le Wall Street Journal indique que Spirit AeroSystems, seul fournisseur de fuselage pour plusieurs modèles de Boeing, est au cœur d’une bataille concernant les coûts et les problèmes de qualité. La suspension du modèle MAX et la pandémie de coronavirus ont mis à rude épreuve les finances de Spirit, entraînant des licenciements massifs et une perte d’expertise lorsque la demande a à nouveau augmenté.
Les plaintes des employés de Spirit révèlent des problèmes de production et des inquiétudes liées à la qualité interne, soulevant des questions sur la sécurité des avions Boeing à travers le monde.
Selon le journal, Cornel Beard, président de l’Association Internationale des Machinistes et des Travailleurs de l’Aérospatiale, affirme que la pression pour respecter des délais serrés a conduit à des défauts non détectés dans les avions désormais répandus à travers le monde.
Boeing et Spirit réaffirment leur engagement envers la sécurité et coopèrent avec les enquêteurs. Néanmoins, la Federal Aviation Administration a annoncé qu’elle intensifierait la surveillance de la fabrication des avions Boeing et a lancé une révision de la production du MAX 9.
Mike Whittaker, directeur de la Federal Aviation Administration, a déclaré que les problèmes de fabrication, et non de conception, étaient à l’origine de l’incident d’Alaska.
Récemment, la FAA a interdit à 171 appareils MAX 9 de voler suite à l’incident d’explosion.
Reconnaissance des responsabilités
Dans un moment décisif, David Calhoun, PDG de Boeing, a reconnu la responsabilité de lui-même et de son entreprise dans l’erreur de sécurité récente lors d’une réunion à l’usine de Renton, Washington.
Bien qu’il n’ait pas identifié la source précise du problème, Calhoun a insisté sur la responsabilité ultime de Boeing de garantir la sécurité des avions qui quittent ses usines. Cette reconnaissance marque un écart par rapport aux tentatives précédentes de détourner la responsabilité des accidents du MAX 8, signifiant un nouvel âge de responsabilisation selon le Wall Street Journal.
Cependant, des doutes persistent quant à la capacité de Boeing de corriger pleinement ses problèmes de fabrication. Stan Deal, président des activités commerciales aériennes chez Boeing, a souligné la nécessité de « posséder » l’ensemble du processus de construction des avions, notant que l’entreprise n’a pas entièrement surmonté les défis de fabrication depuis le mandat de Calhoun en 2020, laissant l’entreprise aux prises avec une réputation endommagée.
Les défis de l’externalisation
La stratégie d’externalisation de Boeing reflète une tendance plus large dans la fabrication moderne, où les composants sont produits par diverses entreprises avant l’assemblage final. Bien que cette approche vise à réduire les coûts et à accroître la flexibilité, elle expose les entreprises à des risques accrus, car la fiabilité du produit final dépend souvent du moins compétent des fournisseurs.
La complexité de la gestion d’une chaîne d’approvisionnement et d’une fabrication éclatées a compliqué les opérations de fabrication chez Boeing selon des ingénieurs cités par le journal.
Airbus, le principal concurrent de Boeing, suit une approche similaire, en externalisant les composants à l’échelle mondiale. Cependant, Guillaume Faury, PDG d’Airbus, souligne l’importance de la « surveillance » des fournisseurs pour garantir la qualité, reconnaissant les risques inhérents à ces méthodes de fabrication.
Leçons de l’histoire
Le journal conclut que les problèmes auxquels Boeing est confronté ne sont pas nouveaux. Ils reflètent les erreurs du passé, notamment l’approche d’externalisation intense utilisée dans le développement du 787 Dreamliner au début du XXIe siècle.
Bien que cette stratégie visait à réduire les coûts et les risques, elle a mené à des retards de production et à des coûts imprévus. Le modèle MAX fait face à des défis continus, avec plus de 11 000 avions de la série 737 livrés depuis son lancement en 1968.
Le MAX, lancé en 2017, a été brutalement immobilisé après des accidents mortels, mettant encore plus en lumière les complexités de gérer un système de fabrication distribué, surtout pendant des perturbations comme la pandémie de COVID-19, selon le Wall Street Journal.