Le Soudan rappelle son ambassadeur au Kenya suite à la visite controversée de Hemeti
Le gouvernement soudanais a convoqué hier, jeudi, son ambassadeur à Nairobi pour des consultations, en protestation contre l'accueil par le président kényan William Ruto de Mohamed Hamdan Dagalo (Hemeti), commandant des Forces de soutien rapide, impliquées dans un conflit armé contre l'armée soudanaise.
Ali Al-Sadiq, le ministre par intérim des Affaires étrangères soudanais, a annoncé dans un communiqué publié par l'agence de presse officielle soudanaise (SUNA) que "le Soudan a rappelé son ambassadeur à Nairobi pour consultations, suite à l'accueil officiel organisé par le gouvernement kényan pour le chef de la milice rebelle lors de sa visite hier".
Le communiqué ajoute que les discussions avec l'ambassadeur couvriront toutes les possibilités concernant l'avenir des relations entre le Soudan et le Kenya "qui, depuis le début de la guerre perfide dans le pays, se range du côté de la rébellion, en accueillant ses leaders et ses soutiens, tout en conspirant avec les forces régionales hostiles contre le Soudan".
Le président kényan, William Ruto, a reçu mercredi dernier le commandant des Forces de soutien rapide et a loué dans un post sur le site "X" "son engagement (…) à résoudre le conflit au Soudan par le dialogue". Il a ajouté que "les pourparlers en cours menés par l'Autorité intergouvernementale pour le développement en Afrique de l'Est (IGAD) devraient aboutir à une solution politique permettant de réaliser une paix durable dans le pays".
Dans son discours de la Saint-Sylvestre à l'occasion de l'anniversaire de l'indépendance du Soudan, le chef de l'armée soudanaise, Abdel Fattah Al-Burhan, a appelé les pays qui accueillent "ces meurtriers" à cesser de s'ingérer dans les affaires soudanaises "car toute facilité offerte à la direction du groupe rebelle est considérée comme une complicité dans le crime, et dans le meurtre et la destruction du peuple soudanais".
Les relations entre le Soudan et le Kenya sont tendues depuis des mois, la diplomatie soudanaise ayant à plusieurs reprises accusé Nairobi de prendre parti pour les Forces de soutien rapide depuis le début des affrontements avec l'armée soudanaise à la mi-avril de l'année dernière.
Le conflit a entraîné la mort de 12 000 personnes, selon les estimations de certaines organisations, tandis qu'il est largement admis que ce chiffre est bien en deçà du nombre réel de victimes. De plus, les combats ont provoqué le déplacement de plus de 7 millions de personnes, selon les Nations Unies.