Election à Hong Kong : Seuls les Patriotes Peuvent Voter
Hong Kong vient d'engager un processus électoral sans précédent avec l'organisation de ses premières élections de district réservées exclusivement à des candidats "patriotes". Cette mesure suit une série de réformes électorales qui limitent fortement les possibilités pour les candidats pro-démocratie d'apparaître sur les bulletins de vote. L'engouement de 2019 pour les figures du mouvement démocratique ne se reflète plus, laissant place à un panel de candidats prédéfinis fidèles à Pékin.
Contexte Électoral
Les élections district de Hong Kong marquent un changement considérable par rapport aux précédentes élections de 2019 où le camp pro-démocratie avait réalisé des gains significatifs. Avec un fort taux de participation de 71%, les résultats avaient été interprétés comme un camouflet pour les autorités de Pékin et de Hong Kong, suite à de longs mois de manifestations anti-gouvernementales. Toutefois, le système électoral revu en mai stipule désormais que seulement 88 des 470 sièges seront élus directement, et les candidats doivent être approuvés par des comités désignés par le gouvernement. Plus de 70% des candidats pour ces sièges éligibles sont eux-mêmes membres de ces comités de sélection.
Réactions et Conséquences
La principale formation d'opposition, le Parti Démocratique de Hong Kong, n'a pas réussi à inscrire ses candidats. Ceux considérés comme modérés, qu'ils soient centristes ou pro-établissement, ont également exprimé leur frustration face à leur élimination par les nouvelles réglementations. Ces développements surviennent après l'adoption d'une loi sur la sécurité nationale en 2020, qui a presque totalement éradiqué l'activisme démocratique à Hong Kong. La ville est censée bénéficier de libertés qui n'existent pas sur la Chine continentale, selon le principe "un pays, deux systèmes".
Mobilisation Citoyenne et Surveillance
En dépit de l'assurance des officiels que la participation ne déterminerait pas la légitimité de l'élection, de vastes efforts ont été déployés pour susciter l'enthousiasme des électeurs, comme l'organisation de concerts gratuits et de foires, et l'exonération des frais d'entrée des musées. Simultanément, des mesures strictes de surveillance ont été mises en œuvre, avec le déploiement de plus de 12 000 officiers de police. Des arrestations ont également eu lieu parmi les membres du parti démocratique social, y compris un homme de 77 ans soupçonné de sédition. Malgré cela, une certaine apathie plane parmi les Hongkongais, le taux de participation étant bien inférieur à celui de 2019.
L'élection actuelle, bien qu'étant présentée comme une démarche démocratique, est reçue avec scepticisme par la communauté internationale et les activistes de la démocratie de Hong Kong. Les efforts pour légitimer ces procédés électorautaires sous couvert d'une élection encadrée et contrôlée sont souvent perçus comme un affront à l'égard des libertés civiles et de la loi, ainsi qu'à l'encontre des promesses faites dans la déclaration conjointe sino-britannique.
Ce scrutin controversé, ainsi que les moyens mis en œuvre pour encourager la participation tout en restreignant les libertés de choix, soulève des questions cruciales sur l'avenir de la démocratie à Hong Kong et le respect des engagements "un pays, deux systèmes".