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La récente annonce d'un cessez-le-feu temporaire dans la bande de Gaza traduit le résultat d'une lutte de volonté entre les différentes factions clés de ce conflit. Après plus d'un mois et demi d'affrontements militaires, politiques et médiatiques, la trêve vient interrompre des tensions croissantes. Une analyse des termes de cet accord de cessez-le-feu et une comparaison des positions et des intérêts des parties principales et de leurs alliés permettent de dresser un panorama significatif du conflit actuel.
L'annonce de la trêve et ses motivations
Dans un contexte de forte adversité, le mouvement de résistance Hamas a infligé un coup militaire et politique sans précédent à l'occupation avec son attaque du 7 octobre. Par cette offensive, le mouvement a capturé suffisamment de prisonniers pour négocier la libération de tous les prisonniers palestiniens détenus. De ce fait, il s'avère dans l'intérêt primordial du Hamas d'arrêter l'offensive israélienne contre la bande de Gaza au plus tôt. Néanmoins, le maintien d'un cessez-le-feu permanent, tout en permettant une présence militaire israélienne au sein de la bande, pourrait être perçu comme contraire aux intérêts du Hamas. La nécessité d'une trêve s'est renforcée en raison de l'aggravation de la souffrance des habitants de Gaza sous les effets conjugués de l'agression et du blocus sévère, exacerbant la destruction des infrastructures civiles et ce, malgré l'incapacité arabe et islamique à exercer une pression suffisante pour dissuader l'occupation de son agression ou même briser le siège de quelque manière que ce soit.
Les considérations stratégiques de l'occupation
D'autre part, les stratégies prioritaires de l'occupation israélienne visent à maintenir et intensifier la pression sur les habitants de Gaza et sur le mouvement Hamas, cherchant à obtenir un avantage stratégique qui compenserait les pertes subies du fait de l'opération "Tsunami de l'Aqsa". Cependant, l'acceptation du cessez-le-feu, ou de la trêve comme l'ont qualifié les Brigades Al-Qassam, est motivée par plusieurs facteurs. La montée de la pression internationale pour un cessez-le-feu humanitaire, les exigences accrues de libération des prisonniers et l'incapacité à obtenir un résultat décisif dans les combats au nord de Gaza justifient cette décision.
Implications de la trêve pour les deux camps
En termes humanitaires, la trêve répond à un besoin vital pour les résidents de Gaza en fournissant nourriture, eau et soins médicaux. Elle offre aussi une opportunité pour récupérer les corps des martyrs ensevelis sous les décombres. Pour le dossier de la migration forcée, qui constitue une stratégie centrale de l'occupation face à Gaza, l'acheminement de l'aide humanitaire pourrait permettre aux résidents du nord de Gaza de résister plus longtemps. En outre, la trêve en autorisant la migration des résidents du nord de la bande vers le sud peut conduire au déplacement d'une partie des quelque 800 000 citoyens qui y résident.
Sur le front du combat, la trêve favorise davantage la résistance, réduisant l'élan de l'attaque israélienne et forçant les forces d'occupation à adopter une posture défensive. Elle permet également à la résistance de réparer certaines de ses capacités et de renforcer ses préparatifs en prévision de la reprise des combats. Pour l'occupation, la continuité du soutien international en cas de reprise de l'agression après la trêve pourrait poser problème, compliquant la justificabilité de ses actions.
L'effet de la trêve sur l'économie israélienne est quant à lui limité, étant donné que le gouvernement ne pourra pas démobiliser un grand nombre de soldats réservistes engagés pour la guerre et que la reprise des activités économiques interrompues restera difficile en raison de l'état de veille persistante durant la trêve.
Bien que la trêve apporte des avantages aux deux camps, l'équilibre des avantages semble pencher clairement en faveur de la résistance et des Palestiniens. Toutefois, elle signifie avant tout l'incapacité de l'occupation de poursuivre une politique de pression maximale sur les Palestiniens et la résistance pour atteindre les objectifs annoncés de sa guerre.